Mais où est passé Li Shangfu ? Le ministre chinois de la Défense n’a « pas été vu ou entendu depuis trois semaines », selon Rahm Emanuel, l’ambassadeur américain au Japon, rapporte le quotidien britannique Financial Times. Cette mystérieuse disparition intervient moins de deux mois après celle de Qin Gang, l’ancien ministre des Affaires étrangères, qui avait disparu un mois sans raison officielle.
Li Shangfu aurait été écarté de ses fonctions et ferait l’objet d’une enquête de la part des autorités, selon des responsables américains. Il occupait pourtant un poste à responsabilité au sein du régime chinois. À 65 ans, cet ancien ingénieur aérospatial était, en plus de son poste au ministère de la Défense qu’il occupait depuis mars 2023, membre de la Commission militaire centrale, la plus haute instance militaire du pays.
Mi-août, il était d’ailleurs apparu en public à l’occasion de deux visites, en Russie et en Biélorussie.
Trois événements suspicieux
Sur son compte X (ex-Twitter), l’ambassadeur des États-Unis au Japon a, dans un premier temps, alerté sur sa disparition, le vendredi 8 septembre. Puis, une semaine plus tard, il a de nouveau posté un message en évoquant trois éléments laissant la place au doute.
« Premièrement : le ministre de la Défense Li Shangfu n’a pas été vu ou entendu depuis trois semaines », confirme Rahm Emanuel. « Deuxièmement : il ne s’est pas présenté à son voyage au Vietnam », poursuit l’ambassadeur américain, faisant ainsi référence aux déclarations d’officiels vietnamiens qui avaient indiqué un report de la réunion pour des « problèmes de santé » de Li Shangfu. « Aujourd’hui : il est absent de sa réunion prévue avec le chef de la marine singapourienne parce qu’il a été assigné à résidence », termine-t-il.
Trois autres officiels américains ainsi que deux personnes en lien avec les services de renseignements, cités par le Financial Times, confirment ces dires et s’accordent sur le fait que le désormais ex-ministre de la Défense avait été « démis de ses fonctions ».
La corruption comme désaccord ?
Le quotidien britannique a également appris, via des responsables américains, que Li Shangfu fait actuellement l’objet d’une enquête pour corruption, qui pourrait être en lien avec le poste qu’il occupait précédemment. De septembre 2017 à octobre 2022, il dirigeait l’unité de l’Armée populaire de libération et était en charge des missiles à longue portée, dont les missiles nucléaires. Ce département est réputé pour abriter la « pire corruption » de l’armée chinoise, selon Dennis Wilder, l’ancien expert de la CIA, cité par le Financial Times.
Alors que le ministère de la Défense demandait, en juillet dernier, des conseils afin d’endiguer un phénomène de corruption remontant à octobre 2017, Pékin a subitement annoncé un changement de direction.