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CANCER : CONFESSIONS GLACANTES DE VICTIMES

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Première cause de mortalité chez les femmes, le cancer du sein est devenu un véritable problème de santé publique. Compte tenu de sa prise en charge excessivement coûteuse, il fait des ravages au Sénégal où chaque année, 1758 nouveaux cas sont enregistrés. «L’as» est allé à la rencontre de quelques femmes souffrant du cancer du sein. Comment elles vivent la maladie ? Les difficultés auxquelles elles font face ? quid du rejet dont elles font l’objet de la part de leurs proches ou conjoints ? Les réponses sont bouleversantes….

«Moi, j’ai été abandonnée par mon mari. Lorsqu’il a appris que je suis malade du cancer du sein, il a commencé à se montrer indifférent. Il sortait tous les soirs et rentrer à des heures indues, sous prétexte qu’il a beaucoup de travail. Il refusait obstinément de me payer les médicaments et n’a jamais pensé m’accompagner à l’hôpital. Ce qui fait que je ressens davantage la maladie.Je suis tout le temps stressée et anéantie. Je sais qu’il ne me reste plus beaucoup de temps à vivre», raconte en pleurs Victoria Lopez. Comme elle, beaucoup de femmes qui souffrent de la maladie vivent le même calvaire. Habillée d’un pantalon et d’un chemisier qui lui arrive lui aux genoux etle voile sur la tête pour cacher sa maigreur, Victoria quitte chaque matin Cambérène pour se rendre à l’hôpital Dalal Diam Guédiawaye pour effectuer ses séances de radiothérapie. Elle vient toujours seule. En plus de la maladie, elle est obligée de supporter la solitude voire le rejet. Ce qui, selon elle, risque de précipiter sa fin. «En plus de la maladie, je souffre dans mon cœur du manque de soutien de mon mari. Après la séance de radiothérapie je me sens faible. Une fois, j’ai faillitomber à la sortie de l’hôpital. C’est un passant qui est venu à mon secours», se rappelle cette jeune maman de deux enfants dont l’avenir la préoccupe profondément. «Je pense à mes deux enfants, car je sais qu’ils vont bientôt être orphelins de mère et qu’ils ne pourront pas compter sur le soutien et l’amour de leur papa», dit-elle avec tristesse.

 PREMIERE CAUSE DE MORTALITE CHEZ LES FEMMES

Le cancer du sein est la première cause de mortalité par cancer chez la femme, et la troisième cause de mortalité en général. Selon la Ligue Sénégalaise contre le Cancer (Lisca), le cancer du sein est le premier cancer le plus fréquent au Sénégal chez la femme avec environ 1.000 nouveaux cas par an. Son diagnostic est fait à un stade avancé dans 70% des cas et le taux de survie à 5 ans est seulement de 13%. La principale cause de cette mortalité élevée est le long délai entre l’apparition du premier symptôme et la consultation, qui est en moyenne d’une année. Le cancer du sein devient un phénomène courant au Sénégal, avec une mortalité féminine qui atteint aujourd’hui une ampleur inquiétante. Les causes vont de l’utilisation de produits contraceptifs non adaptés à des antécédents familiaux en passant par la consommation d’alcool etc. Cette situation est difficile à vivre pour les femmes, souvent en situation de faiblesse économique qui se retrouvent pour la plupart dans des conditions de déchéance du fait du rejet de leur mari et des violences morales et physiques qu’elles subissent.

 AMADOU GAYE, 42 ANS : «EN TANT QUE FEMME, MON EPOUSE NE M’ATTIRE PLUS»

 «Ma femme a été diagnostiquée du cancer du sein en 2017. Cela est arrivé après la naissance de notre deuxième enfant. La nouvelle nous est tombée comme un coup de massue. Pour moi, c’était difficile de la voir dans cet état alors qu’elle était belle comme une fée. J’ai pensé qu’elle avait été changée. Elle a subi une ablation du sein gauche. En toute sincérité, elle ne m’attire plus en tant que femme, mais je ne vais pas la quitter. Je compte la soutenir jusqu’au bout, mais je fréquente d’autres filles»

MARIE FALL, 59 ANS : «LES VOISINS PENSAIENT QUE J’ETAIS ATTEINTE DU SIDA»

«De février 2019 lorsqu’on m’a diagnostiqué la maladie jusqu’à maintenant, j’ai dépensé plus de 5 millions Fcfa entre l’intervention chirurgicale, la chimiothérapie et la radiothérapie. Lorsqu’on m’a annoncée la maladie, j’avais des problèmes psychologiques. J’étais convaincue que ma fin était arrivée. Je pleurais tout le temps. Mes enfants m’ont amenée dans le privé. Les mêmes médecins qui travaillent dans le public sont aussi dans le privé. On m’a dit qu’à l’hôpital Aristide Le Dantec, la liste d’attente est longue pour la prise en charge et qu’il valait mieux aller dans le privé. J’ai été opérée dans une clinique de la place. Dans le quartier, les voisins pensaient que j’avais le Sida et me fuyaient, car j’avais beaucoup maigri. Quand je sortais, on me pointait du doigt».

AIDA DIOP, 37 ANS : «LA MA- LADIE A FREINE MON TRAVAIL»

 «Je suis célibataire et sans enfant. Je suis couturière de profession. A l’annonce de la maladie en 2018, entre les rendez-vous et les traitements, le boulot ne marchait plus, car je n’allais plus à l’atelier. Tous les jours, je devais me rendre à l’hôpital Dalal Diam pour faire la radiothérapie. Cette maladie a handicapé mon travail. Après la radiothérapie, j’avaismal partout, je ne pouvais même plus bouger. Pendant des heures, je restais allongée. Ma famille me soutient. Mon seul problème, c’est mon travail. Je ne peux pas expliquer à mes clients de quoi je souffre.J’accuse du retard dans la livraison de leurs commandes».

 ANITA FAYE, 55 ANS : «JE SAIS QUE JE VAIS MOURIR…»

 «Je suis veuve et mère d’un garçon.Je vis avec mes sœurs. Ma famille ne m’a pas soutenue dans ma maladie que j’ai découverte il y a juste 6 mois. Mais, mon fils qui vit à l’étranger m’envoie de l’argent pour mon traitement, mais il ne sait pas que je souffre du cancer du sein. Je ne veux pas l’inquiéter. Je viens seule pour mes consultations. Mes sœurs ont d’autres préoccupations, elles passent tout leur temps à chercher les dernières tendances des tissus ou des modèles de couture. Elles n’ont pas le temps de faire des va-et-vient entre leshôpitaux. Elles ne savent même pas de quoi je souffre. Je crois que je vais devenir folle. Parfois, je me retranche dans ma chambre et pleure toutes les larmes de mon corps. Je sais que je vais mourir, car mentalement je ne supporte plus la maladie. Si j’avais au moins le soutien de mes proches, cela m’aurait aidée».

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