Baaba MAAL, le Roi du Yéla, inspiré de la musique traditionnelle peule, entre tradition et modernité, est à la fois héritier et inventeur : «La production poétique et musicale de Baaba Maal, en s’inscrivant dans l’intertexte des formes de la littérature Pulaar, a réussi des innovations thématiques, à enrichir les genres Pulaar. Mais Baaba Maal a aussi bénéficié des formes littéraires de son ethnie. Son mérite réside, cependant, dans la diffusion des formes anciennes, et la modernisation du fond sonore. Culture riche de sa diversité et de ses apports islamiques, le Pulaar a trouvé en Baaba Maal, son fidèle interprète» écrit Mamadou SAM. En effet, Baaba MAAL, ancré dans la culture millénaire peule, a su s’adapter aux réalités de notre temps, en exploitant, habilement, la grande richesse de la rhétorique Pulaar, une civilisation remontant à l’Egypte ancienne. Allant de la redécouverte de thèmes traditionnels à l’expérimentation pure et dure de nouveaux rythmes, Baaba MAAL mixe les genres (musiques peule, mandingue, reggae, noire américaine). La musique de Baaba MAAL parvient à reproduire l’essentiel pour le mélanger à des sonorités plus modernes : «Je préfère agencer mes albums, un coup acoustique, un coup électrique. Parce que je veux me faire comprendre et faire comprendre d’où viennent nos musiques» dit Baaba MAAL. Dans son enracinement profond et son ouverture aux autres, Baaba MAAL développe les sonorités traditionnelles, tel que le Kora, tout en y ajoutant des éléments modernes tels que la guitare électrique et des rythmes skankés.  Baaba MAAL a apporté à la musique sénégalaise une énergie créatrice débordante et dynamique. La contribution artistique et littéraire de Baaba MAAL est «une réflexion sur l’éducation, l’émigration, l’engagement, le rôle de l’identité culturelle dans la prise en charge des défis contemporains des peuples d’Afrique, le respect et l’estime de soi, la valeur de la culture, le rôle des arts comme ressources et force motrice, l’importance du patrimoine culturel, de sa préservation, mais aussi de sa fécondation» écrit le professeur Felwine SARR, dans sa préface de la biographie d’Oumar Demba BA sur Baaba MAAL.
L’appartenance au peuple Toucouleur confère aussi à Baaba MAAL un particularisme que l’on retrouve dans ses textes, particulièrement riches. Il expérimente tous les styles de musique des Peuls : le «Pékane» des pêcheurs, le «Dilléré» des Maabo (tisserands), le «Goumbala» ou chants des guerriers, le «Daarol», récit épique, le «Komtimpadji» des Tiédos, le «Fantang» exaltant le pastoralisme, le «Wango» un genre distractif de Médda DIAGNE, les «Lingui», pour les nouvelles mariées, le «Naalé» des esclaves, le «Sawali» des Laobé, le «Kérodé» des chasseurs, le «Lélé» de Samba DIOP, le «Jaanti», récits mythiques et initiatiques, les chants islamiques («Beyti» ou poésie, le «Daarol» ou récit, le «Tarikh» ou chroniques), et naturellement, le «Yéla» des griots, dont il est devenu le roi incontestable. En effet, porte-parole de la diaspora foutankaise, Baaba MAAL, avec son groupe «Dandé Légnol», la voix du peuple, est un militant de la cause africaine et un humaniste : «Servi par une voix mélodieuse et des années de recherches, il a fini par s’approprier ce leg diversifié qu’il a mis à jour, pour l’adapter aux réalités de son temps, dénoncer des préjugés, passer un message, plaider une cause ou faire vivre l’histoire» écrit Oumar Demba BA.
Baaba MAAL est, avant tout, un grand défenseur du panafricanisme, de l’identité sénégalaise fondée sur la diversité culturelle et la tolérance : «Comme le lamentin, Baaba Maal a été boire à la source de la culture peule, en sillonnant dans le «Lappol» (piste ou chemin) l’arrière-pays, en recueillant chants traditionnels, contes et épopées. L’ancrage, ici, n’est pas une posture, mais un choix voulu et assumé», écrit Oumar Demba BA. «Je crois que le rôle d’un musicien est d’éveiller les consciences, d’attirer l’attention des gens vers des aspects ignorés de leur personnalité. Nous créons des mélodies et des harmonies afin qu’elles pénètrent vos esprits» dit Baaba MAAL. Il porte, très haut, les valeurs culturelles du Fouta-Toro, avec son passé glorieux, incarnant à lui seul le roman national Sénégalais. Il est resté solidaire avec les gens de la communauté, et continue, en dépit de sa notoriété mondiale, de donner des concerts dans les villages les plus reculés du Sénégal, y compris dans mon modeste village, Danthiady. A Dakar, c’est l’homme du stade Amadou Barry, au détriment du grand stade Léopold Sédar SENGHOR. En France, il privilégie le contact direct avec la diaspora peule. En raison de son engagement aux côtés des démunis, Baaba MAAL donne chaque année une vingtaine de concerts dans la région du fleuve pour aider les associations de villages. Les bénéfices servent à financer des projets. Baaba MAAL a mis sa célébrité au service de grandes causes. Oui, «Neddo ko bandoum» (Piété et solidarité familiales). Celui qui ne respecte pas ne mérite aucun respect. Celui qui se respecte n’est pas en conflit avec les autres ; il est en paix avec lui-même pour mieux entrer en symbiose avec l’autre. C’est toute cette altérité assumée et revendiquée par Baaba MAAL qui fait l’originalité et la richesse de sa culture, celle des Peuls, la nôtre et la vôtre : Citoyen du monde «Je suis nomade. Je ne vois pas de frontières entre moi et les autres» dit Baaba MAAL. La musique de Baaba MAAL se caractérise, suivant un sous-titre de cette biographie d’Amadou N’DIAYE, de «message local et patrimoine universel». Pour Patrick LABESSE du journal Le Monde, «Baaba Maal est un Ovni sur la grande scène». Comme les «rois et les voleurs» d’Hérodote (480-425, avant JC, historien), fasciné par l’étrangeté du monde et sa grande diversité, Baaba MAAL se sent chez lui partout, et a l’habitude de fréquenter les gens de toutes les planètes musicales. «Je veux d’abord être perçu comme musicien et chanteur et non pas comme musicien africain», insiste Baaba MAAL. Pour Cheikh Hamidou KANE «toutes les inspirations musicales de Baaba Maal sont Hal Poulaar, il a réussi à s’en inspirer, parfaitement. Mais il a surtout réussi à sortir sa musique du milieu Peul simplement, du milieu sénégalais ; il est une des grandes voix modernes de notre temps » écrit l’auteur de «l’aventure ambiguë ». En effet, Baaba, il lui plaît d’absorber et de fréquenter des musiciens et des musiques d’univers éloignés de ceux d’où il vient. Il a chanté avec U2, et a fréquenté Cindy LAUPER, Stevie WONDER, Aretha FRANKLIN et Angélique KIDJO. Avec ses mélodies épurées, Baaba MAAL a choisi, délibérément, «de détruire les boussoles, d’être en phase avec son temps, de transgresser les goûts et les attentes de son public initial en Occident» écrit Patrick LABESSE.
Baaba MAAL n’est pas si mal que cela ; il est brillant dans son art. Son style simple et sophistiqué touche au cœur. L’atout absolu de Baaba MAAL reste sa voix, puissante, aérienne, empreinte d’un lyrisme rappelant les plus grands griots : «Sa voix poignante, son aisance et sa grâce à la danse font de chacun de ses concerts des moments de pure légèreté et de fête intense» écrit Patrick LABESSE du journal Le Monde. Commentant la sortie de l’album «Mi Yewni», ou «Missing You», en langue anglaise, Hélène LEE de Libération estime que tout Baaba MAAL est là : «son mélange d’enfance et de sagesse, sa grâce dansante. Le balancement léger des rythmiques, la production dépouillée rendent les chansons familières d’emblée, la voix est magnifiée par cette simplicité», dit-elle. «Musicien à la voix d’or», suivant Oumar Demba BA, l’un de ses biographes.
François BONSIGNOR qualifie Baaba MAAL «personnalité solaire» qui passerait bien pour un «prince». Baaba MAAL est décrit, par Amadou N’DIAYE, un de ses biographes, «d’intellectuel de la musique sénégalaise». Il est le seul à avoir obtenu le baccalauréat et avoir suivi des études supérieures à l’école des Beaux-Arts. Des études sérieuses ont été consacrées au travail de mémorialiste, d’humaniste et de chanteur engagé qu’est Baaba MAAL. Ainsi, Mamadou SAM, dans un mémoire de maîtrise de 1995, à l’Université Cheikh Anta DIOP, d’une grande qualité, valant en fait une thèse de doctorat, a transcrit, traduit et commenté de nombreux textes de Baaba MAAL ; ce qui a fait considérablement avancer la recherche. Par ailleurs, Mamadou SAM est le premier, à avoir analysé, en profondeur la poétique et la création artistique de Baaba MAAL sous l’angle de la littérature. Baaba MAAL est souvent qualifié de «Roi du Yéla». Il a sauvé le Yéla et lui a donné une nouvelle envergure : «Le Yéla est un mode privilégié d’exaltation des valeurs du groupe social, d’archivage des hauts-faits et de légitimation des pouvoirs. Après avoir rythmé les veillées d’armes des héros des siècles passés, il investit les cérémonies familiales et autres manifestations au cours desquelles les maîtres de la parole rappellent ou réactualisent les repères de la société», suivant Ibrahima WANE, scénariste d’un film sur le «Yéla». Oumar Demba BA a consacré une biographie à Baaba MAAL, avec en toile de fond la culture des Fountankais, et un important apport doctrinal, servi par une magistrale préface du professeur Felwine SARR. Pour cet auteur, Baaba MAAL s’est forgé «un cursus d’artiste et d’intellectuel conscient de son rôle de messager et passeur d’idées» écrit Oumar Demba BA. Amadou N’DIAYE, dans sa biographique qualifiée «d’officielle», a intellectualisé et bien classé par thèmes, les chansons de Baaba MAAL. Finalement, «tout est dit et l’on vient trop tard, depuis sept mille ans il y a des hommes et qui pensent» écrivait Jean de la BRUYERE, dans ses «Caractères». Quand à moi, je voudrais, très modestement, faire entendre, de façon claire et intelligible la voix de Baaba MAAL, notre porte-parole des valeurs foutankaises. J’ai voulu redonner la parole à Baaba MAAL, pour ne pas brouiller son message. Baaba MAAL ne fait pas que distraire, il a pris, résolument et courageusement, le bâton d’éducateur ; il veut faire bouger les lignes. La musique, au-delà de sa fonction ludique, peut prendre en charge les préoccupations de cette Afrique au potentiel énorme, mais qui peine à faire entendre sa voix, pour la justice et l’égalité. C’est un don immense que de faire découvrir aux hommes, ce qui est invisible : «On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux» disait Antoine de SAINT-EXUPERY (1900-1944) dans son «Petit Prince». La musique de Baaba MAAL, une confidence puissante du cœur, nous invite, instamment, à poursuivre le Bien souverain. Admirateur de Léon TOLSTOI (1828-1910), je crois qu’il faille condamner, sans appel, tout ce qu’il y a de factice et artificiel dans l’art. Je rejette, sans ménagement, le concept d’art pour l’art. Lutteur dans l’arène, la beauté, fondement de l’art, reste, pour ma part, un puissant appel pour l’éthique, la morale, en vue d’une profonde rénovation de l’ordre social, pour une société plus juste et plus fraternelle : «L’art est un moyen d’union pour les hommes, les rassemblant dans un même sentiment, et par-là, indispensable pour la vie de l’humanité et pour son progrès dans la voie du bonheur» écrit Léon TOLSTOI, dans «Qu’est-ce que l’art ?».
Par conséquent, il faudrait sonner le tocsin : Chaque républicain, chaque Africain et chaque Sénégalais, devrait écouter, et surtout entendre le message de ce grand humaniste qu’est Baaba MAAL : «Je chante selon les réalités de mon entourage et selon ma conception de la vie. L’histoire de l’Afrique n’a pas été retenue par l’écriture, mais par des sources orales. Les Africains doivent avoir un moyen de redécouvrir, de faire revivre leur passé. Le musicien doit assumer cette mission. Nous devons être au service de l’Humanité» dit Baaba MAAL dans une interview de septembre-octobre 1990 accordée à Africa Report. «Les chants constituent un arsenal d’armes dangereuses et efficaces de contestation» écrit Honorat AGUESSY.
Baaba MAAL est né le 12 novembre 1953, suivant Amadou N’DIAYE, à Podor, appelé Douwayara, dans le quartier de M’Bodjène, dans le Nord du Sénégal : «Douwayara, j’ai la nostalgie, ville au bord du fleuve de Thiofy, à Lao Demba. Où que je puisse être mes pensées vont  à Douwayara» chante-t-il. Oumar Demba BA dit qu’il est né le 13 juin 1953. Il a toujours vadrouillé dans cette nature généreuse ; ce qui fait de lui un poète et un doux rêveur. Baaba est issu d’une famille de la caste des «Thioubalo», les pêcheurs : «Mon enfance est remplie de chance. Je suis né dans une famille de pêcheurs, dans une ville très culturelle, Podor, au bord du fleuve Sénégal. J’ai eu la chance de grandir entre deux parents qui m’ont beaucoup choyé» dit l’artiste. Son père, Baïdy MAAL, un ancien militaire et un muezzin, particulièrement attaché à la tradition, ne voyait pas d’un bon œil que son fils devienne musicien. «Mon père, m’a tout donné ; c’était un ancien combattant de l’armée française qui détenait le grade d’adjudant-chef. Il a compris, très tôt que l’éducation était importante» dit Baaba MAAL. La voix mélodieuse de son père, qui buvait du jaune d’œuf pour la tonifier et la vivifier quand il faisait l’appel à la prière, a résonné très fort, dans les oreilles artistiques du jeune Baaba MAAL. Les influences sur Baaba MAAL tout en étant diverses, la place de sa mère, Aïssata Samba Peinda Boubou Yacine WADE, une femme au foyer et couturière, occupe une place centrale : «J’avais aussi une maman hautement culturelle et qui participait à diverses cérémonies, avec une grande fibre artistique. Podor est une ville culturelle, fondée sur une grande diversité ethnique où se côtoient, harmonieusement Peuls, Maures, Bambaras, Sérères, etc. Ma mère chantait» dit Baaba MAAL. Sa mère était son amie, «une muse et conseillère de nombreuses sortes, veillant sur la forme et le fond de ses chansons, suggérant des avis, rectifiant des séquences et censurant des termes qu’elle trouve inappropriés» écrit Oumar Demba BA. Baaba a emprunté de nombreuses chansons du répertoire de sa mère, comme «Hayo» ou «Abdoul Bodédio». Aussi, dit-il «l’amour de la musique m’est venue de ma mère. Ma maman aimait bien chanter, notamment quand elle prenait, toute une journée, pour laver le linge, sur les bords du fleuve Sénégal. J’écoutais religieusement ses chansons qui ont bercé mon enfance». L’album, «Baayo» (orphelin) sorti en 1991, est dédié à la mémoire de sa mère décédée en 1984 : «Pendant que j’étais en France pour apprendre davantage sur l’art et la vie, un mauvais appel téléphonique me convoqua à la maison où je trouvais que ma mère était déjà morte et enterrée, ma mère chérie, ma mère très aimante» chante-il. Baaba MAAL, à l’image du Sénégal, est issu d’un milieu métissé et tolérant. Sa grand-mère, Gayssiri Bocar Hamady N’DIONGUE, originaire de Guédé est issue d’un couple Sérère et Bambara. Sa grand-mère maternelle a pour père, un Sérère et une mère Bambara, dont les origines lointaines sont maliennes. On parle Ouolof également à Podor.
Pendant l’été, Baaba MAAL allait souvent en vacances à N’Dioum, chez son oncle, Alassane WADE, gérant de la poste et père d’Oumar WADE, son manager, qui appréciait les jeunes et le théâtre. La chanson, «Maacina Toro», l’autre appellation de N’Dioum, est un voyage dans le royaume d’enfance de Baaba : «N’Dioum, pays de la joie, n’a jamais eu peur, n’a jamais reculé. C’est toi qui m’a nourri, m’a fait aimer la vie. D’agréables nuits furent passées» chante-t-il.
La chanson, «Juuloowo» (celui qui prie) est un hommage à Elhadji Baba N’DONG, dont Baaba porte le prénom, un disciple d’El Hadji Malick SY (1855-1922), chez qui il a suivi des études coraniques. Après l’école primaire, à Podor, le jeune Baaba, effectue à partir d’octobre 1966, des études secondaires au lycée Charles de Gaulle à Saint-Louis. Il se rend à la capitale du Nord, par bateau, le légendaire «Bou El MOGDAG» de son nom SECK (1826-1880), un cadi, interprète et conseiller de l’administration coloniale. La chanson «Bouyel» est une déformation du nom de cette figure saint-louisienne. C’est dans cette  ville métissée et culturelle, que Baaba MAAL rejoint le mouvement Scout, pour s’investir davantage dans la musique. Alioune Badara DIAGNE, dit Golbert, le fait enregistrer, pour la première fois : «La popularité est venue petit à petit. On disait, qu’au lycée Charles de Gaulle, il y a un jeune garçon qui chante bien, et les gens ont commencé à nous inviter dans leurs soirées. C’était l’explosion de la culture Poulaar. Mais mon père ne voulait pas que je fasse de la musique, ce métier étant réservé aux griots» dit Baaba MAAL. «Nous avons un papa trop militaire, trop ancien combattant, qui était trop à cheval sur des règles d’un temps ancien. Il ne pouvait comprendre qu’un fils qui a fréquenté l’université puisse devenir musicien, une fonction dévolue aux griots» dit Moustapha, le frère de Baaba. Mais la chanson de «Taara» à la gloire d’El Hadji Omar Foutiyou TALL qui va lever toutes les réserves du père : «Si tu chantes ce genre de chanson, je me range à ton point de vue. Il va falloir que tu sois sérieux !» lui dira son père.
En 1974, Baaba MAAL, ayant réussi le baccalauréat, avec mention Bien, en candidat libre, dès la classe de 1ère, s’inscrit en Espagnol, à la faculté des Lettres et Sciences Humaines. Mais très vite, il s’oriente vers l’école nationale des Beaux-Arts à Dakar, sans doute pour se destiner à l’enseignement. Il participe à des groupes folkloriques de musique, à l’occasion d’évènements familiaux : «Le choix du métier de musicien est assez mal vu» par une bonne partie de la société sénégalaise restée conservatrice. Pourtant, Baaba MAAL, avec son ami d’enfance, Mansour SECK, de la caste des griots, ils rejoignent, entre 1975 et 1977, à Thiaroye, «Lasly Fouta», une association composée de plus de 70 musiciens, dont le but est de promouvoir la culture peule. Arrivé à Dakar, il est resté pendant 6 mois sans être auditionné. Il a fallu l’opportunité, à la faveur d’un conflit d’agenda (un concert à Robert Delmas, à Dakar – un autre à la Maison des Jeunes, à Thiès), certains musiciens ne voulant pas aller à Thiès, pour qu’il soit programmé à ce spectacle. Au concert de Thiès, la cantatrice (Bineta CAMARA) n’ayant pas pu terminer sa partie, Baaba MAAL est appelé à la rescousse. Et là la chance lui a souri. Ils ont découvert sa voix remarquablement mélodieuse.
Baaba MAAL débute sa carrière musicale dans des troupes folkloriques. Ainsi, en 1977, Baaba MAAL, Mansour SECK et M’Bassou NIANG fon dent un groupe de musique traditionnelle peule, sans grande ambition commerciale : «Yeltaaré Fouta», un groupe de musique traditionnelle. Ils voulaient séduire les Foutankais et leur diaspora et pour cela, Baaba MAAL fait la tournée de plusieurs villages pour recueillir le folklore des Foutankais. Qualifié de «roi du Yéla» et s’inspirant de Guélaye FALL, et de son «Pêkane», un des chants des pêcheurs qui avait le don magique de résumer une bonne partie de l’héritage culturel du Fouta-Toro, Baaba MAAL a pris la route (Lappol) et a visité plus de 300 villages du Sénégal, du Mali, de la Guinée, de la Côte-d’Ivoire et du Burkina. Il n’a interrompu ce périple de retour aux sources qu’à la suite du décès de son père. L’étape de Goudiry, dans le Boundou, au Sénégal, a été décisive dans ce recueil des chansons traditionnelles peules. C’est là qu’il a appris le Yéla ; cette musique des griots de l’Afrique traditionnelle, qui selon lui, est apparentée à la musique classique, au reggae, et Baaba MAAL n’a pas fait qu’écouter, il est devenu aussi un créateur, «avec un message, pour éduquer, pour situer la responsabilité de chacun dans la société et le préparer aux défis du futur» dit-il.
Baaba MAAL séjourne à Paris, entre 1982 et 1984, pour compléter sa formation au Conservatoire d’Alfred de Vigny. Il effectue des tournées, à travers l’Europe avec Mansour SECK et joue avec le groupe «Wandama». A Bruxelles, Baaba MAAL enregistre son premier duo : «Diam Léeli». En 1985, à Dakar, dans le quartier de Castor, Baaba MAAL créé le groupe «Daandé Légnol», la voix du peuple : «Je partage avec vous tous, mes compagnons de route, ces sons, ces odeurs et ces couleurs qui sont si indispensables, du désert à la savane et au-delà» dit Baaba MAAL. La chanson «N’Dakarou» (Dakar) vante la douceur de vivre dans la capitale sénégalaise : «La grande ville, ville de l’espoir et de la Téranga (hospitalité)». Baaba MAAL est déjà connu et reconnu dans le milieu Peul, mais c’est un concert, en février 1986, au théâtre national Daniel Sorano, qui fera connaître, au plan national, dans tout le Sénégal, Baaba MAAL. En effet, ce concert retransmis par la télévision nationale est une formidable promotion pour Baaba MAAL qui sort ainsi de l’ombre. En 1987, Baaba MAAL entame une série de concerts notamment à Paris, à la Chapelle des Lombards.
En 1986 et 1987, le «Daandé Légnol» fait sa première tournée en Europe. En 1988, la cassette appelée «Wangoo» sort au Sénégal. La chanson, «Demnagalaam» (ma langue) aborde la question des Noirs en Mauritanie, victimes du racisme et de l’esclavage. Baaba MAAL milite en faveur des minorités à conserver leur langue et leur identité culturelle. Ce qui va déclencher l’ire du gouvernement mauritanien qui fera détruire les cassettes de Baaba MAAL : «Aucune civilisation ne peut prétendre exercer son hégémonie  sur les autres, sans susciter un réflexe naturel de survie, de résistance, et, fatalement, un risque de confrontation» écrit Oumar Demba BA. Chris BLACKWELL du groupe Island Records, retrouve les bandes de «Diam Léeli» et les faits publier sous son label, World Music, «Mango». En 1989, Baaba MAAL se produit au New Morning et participe, en 1989, à l’album «Passion» de Peter GABRIEL. Baaba MAAL enregistre alors ses premiers albums solos, «Taara» en 1990 puis «Baayo» en 1991, qui séduit l’Angleterre par la pureté de ces musiques fidèles à la tradition. En effet, «Baayo», une musique épurée, très «roots» où le «Yéla» domine avec la voix sublime de Baaba MAAL, est produit à Londres, avec tous les instruments de haute technologie. Le succès est planétaire. Baaba MAAL sort le «groovy», album «Lam-Toro» en 1993, jugé par certains comme une dénaturation de sa musique. C’est l’album «Firin’In Fouta» en 1994, avec le titre «African Woman», qui permet à Baaba MAAL de consolider davantage son audience mondiale. Son album «On the Road», en 2008 regroupe diverses prestations de l’artiste enregistrées en direct. En 2016, paraît un  onzième album de Baaba MAAL, à son image, «The Traveller». Les Peuls sont des nomades.
Un de ses compagnons de route est Mansour SECK, son choriste, issu de la caste des griots, est originaire de Guédé, un village situé à 45 km de Podor. Mansour souffre d’un handicap héréditaire visuel, mais cela ne l’empêche pas de faire de la musique : «Nos deux familles étaient amies, avant même notre naissance. On est né et on a trouvé cela. C’est de là que tout est parti. Mon père et le père de Baaba Maal étaient de grands amis depuis l’enfance. Aussi, la grand-mère paternelle de Baaba est de Guédé village. Le village où je suis né. Ce lien fortifiait nos relations» dit Mansour SECK. Pour la mère de Baaba MAAL, Mansour SECK est son porte-bonheur et lui disait : «Mansour est ton frère de sang. Considère-le comme tel. Dis-toi que vous avez le même père et la même mère. Parce que ma maman est décédée avant celle de Baaba. Elle lui disait : que je sois vivante ou morte, restez toujours ensemble partout où vous serez». Un autre historique ami de Baaba MAAL, maintenant disparu, était la relation avec Oumar NIANG dit M’Bassou, originaire de Ngawlé, manager du «Daandé Légnol», disparu le 27 juin 2011 : «Nous avons sillonné plus de trois cents villages à la quête du savoir. Nous voulions avoir le nécessaire pour s’adresser au monde, il le fallait à l’époque. Parfois il nous arrivait de sortir  d’un village sans aucun sous. On était obligé d’emprunter des ânes dans la brousse pour y mettre nos guitares ; c’était de la galère. Baaba Maal et moi sommes des miraculés. On est sorti d’un accident terrible au même moment à des endroits différents. C’est inexplicable» avait dit M’Bassou.
Baaba MAAL, homme pudique, est particulièrement discret sur sa vie privée. On apprend, au détour d’une conversation que jeune artiste, il soulevait déjà des foules et partout, où il allait les jeunes filles accouraient, avec une meute de prétendantes. Son amour de jeunesse voulait le destiner à l’enseignement. Mais Baaba MAAL, sentant sa vocation d’artiste plus forte que tout, s’est libéré de toute contrainte. Son fils unique, Oumar MAAL (1980-2014), créateur et styliste, est décédé, à la fleur de l’âge, le 26 septembre 2014, à Bruxelles. Il repose au cimetière Yoff, aux côtés de sa mère, Marthe BOCOUM, disparue également le 4 novembre 2010 : «Mon fils m’a changé comme je ne l’aurais jamais pensé. Je le voulais tellement quand il est né que je ne voulais pas le partager avec sa mère. Je voulais le garder pour moi, pour lui transmettre tout l’amour et la musique que j’avais en moi» dit-il. Actuellement, Baaba MAAL vit avec Suzette NEWMAN, patronne de la société Palm Pictures et productrice de la société Chris Blackwell, Islandlife, une maison d’édition qui gère la production musicale de différents artistes (Bob Marley, U2, Cat Stevens, etc.). En effet, Mme Suzette NEWMAN avait dirigé la société Mango Island. En 1989, l’album de Baaba MAAL, «Diam Léeli» a été diffusé par Mango Island, sous forme de 2000 cassettes. Baaba MAAL, séjournant fréquemment à Londres, une ville hautement artistique, maîtrise parfaitement la langue anglaise. Le titre de certains de ses albums reflète bien ce cosmopolitisme, un atout majeur dans le développement de sa carrière internationale.
Baaba MAAL, citoyen sénégalais, panafricaniste et humaniste engagé, a abordé de nombreux et riches thèmes dans ses chansons : le nationalisme, le panafricanisme, la colonisation, la jeunesse, le statut de la femme, le développement, la paix, l’amour, la religion, la défense de la nature, les valeurs traditionnelles du Fouta-Toro (noblesse d’âme, courage, dignité, estime de soi, honneur, fraternité, l’amitié, etc.).
I – Baaba MAAL : citoyen sénégalais et panafricaniste
A – Baaba MAAL, gardien des valeurs culturelles du Fouta-Toro
Baaba MAAL se caractérise par sa grande générosité, sa compassion et son humanisme, et cela transparaît, fortement, dans sa musique. Les thèmes que chantent Baaba MAAL sont inspirés de la tradition orale peule (chants des cérémonies familiales, de la femme pilant le mil ou faisant la lessive). Discipline d’Amadou Hampâté BA (1900-1991), il a pour ambition, à travers ses chansons entreprendre une conservation de notre patrimoine culturel africain et de l’archiver. Amadou Hampâté BA est qualifié de «rempart de la maison, de miroir de notre identité. Tu as allumé le feu qui ne s’éteindra pas. Si le temps est maître en toute chose, seuls ceux qui ont fait œuvre utile, deviennent immortels» chante Baaba MAAL. Son répertoire musical, est avant tout un hommage à la beauté de la femme africaine, une célébration de hauts faits historiques ou de la richesse de la nature. Ainsi, dans «Mariama Dianké», Baaba évoque la mère parfaite, la femme idéale, la vraie sœur et amie. Dans «Polél Diéri» (Oiseau du Diéri) la colombe adorée ou le petit oiseau, Baaba MAAL, dans son lyrisme, très attaché à la liberté, s’insurge, au-delà de la Femme, contre toutes les formes de servitude : «Je n’ai d’autre maître dans ce monde que Dieu. Je ne connais pas la cage», ou dans «Yéla», un chant traditionnel, il crie : «Aidez-moi à combattre le monstre !». Dans «Nijlou» le séjour, Baaba dit «Dieu est juste. Ne soyons pas injuste». Baaba MAAL chante la nostalgie, notamment dans «Mi Yewnii» ou «Missing you», une musique traditionnelle peule : «J’avais la nostalgie du public qui aime ce genre de musique. Chaque instrument traditionnel a son histoire, ses couleurs. Sur le plan des coutumes, il y a aussi une grande adéquation entre la musique, les instruments et la possibilité de monter une chorégraphie d’un spectacle typiquement africain. J’avais la nostalgie de tous ces éléments, qui m’ont fait dire, quand j’étais jeune, que je voulais être musicien» dit Baaba MAAL. C’est donc une nostalgie qui fait l’archéologie de son ambition artistique et poétique.
Baaba MAAL est avant tout le porte-parole des valeurs culturelles du Fouta-Toro, des Peuls, mais en relation avec son nationalisme : «C’est le comportement qui fait la valeur de l’Homme. Toi qui aimes ta personne et honores la vie, je te salue. Le travail, c’est la dignité. Travaille pour notre peuple, pour que nos nations soient développées. Nos épopées, nos devinettes et nos chansons d’hier, faisant revivre notre passé, réveillent les esprits endormis» chante-t-il dans «Daandé Légnol» (La voix du peuple). Pour lui, le nom de son groupe, «Dandé Légnol», c’est une invitation à plus de justice, de solidarité et de fraternité : «Soyons tous amis ; que personne ne cause préjudice à autrui». Baaba MAAL, avec son groupe «Dandé Légnol» a permis de revenir à la surface de notre mémoire collective des archétypes constituant les valeurs fondamentales du Fouta-Toro : «Je suis enraciné dans ma culture qui est très belle et connectée avec les gens et la Nature» dit l’artiste. Baaba MAAL revendique la défense de la langue peule : «Dieu m’a fait don d’une langue. Le Pulaar est aussi une langue, don du savoir, grenier du savoir, langue de communication. J’avais parlé le Pulaar. Je suis coupable d’avoir parlé le Pulaar» chante-t-il dans «Demnagal-Am» (Ma langue). Baaba MAAL est ouvert aux autres. Ainsi dans sa chanson, «Leeki» ou remède est une métaphore faisant allusion à l’altérité : «Jeunes et vieux, venez que chacun plante son arbre. L’arbre touffu freine l’érosion côtière. Quand l’arbre devient touffu et ombragé, c’est nous qui en bénéficions» dit l’artiste. On connaît ce proverbe Ouolof : «l’Homme est le remède de l’Homme».
Baaba MAAL est resté très proche de la diaspora peule sénégalaise, notamment en France, aux Yvelines : «Pour élever la voix, au-dessus des autres, la première exigence est de puiser dans la vérité, pour chanter juste» écrit Oumar Demba BA. C’est un hommage appuyé aux héros du quotidien qui sont restés solidaires avec leur famille du Fouta-Toro : «Ne t’en vas pas, je vais rester seule. La nuit est très avancée, cher bien-aimé. L’aube commence à poindre. L’indigène n’est pas une terre. L’homme peut être pauvre et rester digne. La dignité, c’est le travail, le dévouement et la conscience de soi», chante-t-il dans «Danniibée» (émigrés ou exilés). Dans «Loodo», un quartier de Saint-Louis, il est question d’émigration et d’identité : «Certains s’en vont et renient ce qu’ils étaient. D’autres s’en vont, mais conservent leur identité et reviennent sans être méconnaissables» chante-t-il. Dans «Jahoowo» Baaba MAAL fait l’éloge de la fidélité conjugale. La femme peule, comme Pénélope, affronte debout les difficultés, dans la dignité «Si on avait donné le droit à la femme de marcher au pas, de naviguer dans les bateaux, de s’immerger dans les eaux profondes, de marcher sur le sable, de protéger des pierres, la Femme allait remplacer son homme : Le garçon élancé et noir, portant toujours un boubou bleu». Cette chanson faisant allusion, initialement, aux Tirailleurs sénégalais mobilisés pendant les deux guerres mondiales, a pris de nos jours, une résonnance particulière. En effet, l’océan Atlantique est devenu un énorme tombeau pour les candidats à l’immigration, parfois réduit en esclavage, dans un monde où les frontières se referment, et soixante ans après l’indépendance, les questions de souveraineté et de bonne gouvernance en Afrique restent, plus que jamais, bien prégnantes.
Baaba MAAL accorde une place de choix à la nature dans ses chansons, avec une dimension poétique : «L’hivernage est beau à voir lorsque tombe la pluie. Depuis que la pluie nous a quittés nous sommes tristes. Notre savane n’est plus prospère, car la force de l’hivernage, notre bienfaiteur, c’est l’arbre. Dès que tu arrives, les travailleurs se lèvent, les plus démunis se réjouissent, un vent frais souffle. Je suis vraiment nostalgique de l’hivernage, symbole du développement de notre Afrique» chante-t-il dans «Dunngu» (l’hivernage ou saison des pluies). Ainsi, outre le majestueux fleuve Sénégal, il évoque «le soleil au Zénith», le «scintillement des étoiles» ou encore la «lueur de l’aurore». L’influence de la nature, la présence imposante du fleuve Sénégal, et de sa ville, Podor, sont omniprésents dans sa contribution artistique. Dans «Kowoné Maayo» (esprits du fleuve), une chanson mystique et poétique, un homme implore les forces surnaturelles : «Génies du fleuve venez m’aider» chante-t-il. Dans sa chanson «Macina Tooro», Baaba MAAL entonne : «Saly viens que je t’envoie chercher de l’eau au fleuve Douwé. Viens que je t’envoies mon enfant ! Dépêche-toi de venir» dit-il. «Je suis un enfant de la Nature, du bord du fleuve. J’aimais lancer ma voix, chanter devant des foules, en a cappella, cela m’a permis de fortifier ma voix» dit-il. Aussi, Patrice LABESSE intitule un article dans le journal Le Monde : «Baaba Maal, la voix du fleuve». La chanson «Mi Yewni» évoque la nostalgie. «Miyaabélé», est la reprise d’une chanson des Ballets africains de Keita Fodéba, la célèbre troupe panafricaine qui, dans les années 50, était basée à Dakar. C’est une chanson de pêcheurs du Bénin. Encore, une évocation du fleuve. La région du fleuve, ce n’est pas seulement qu’un espace géographique, mais surtout un espace hautement culturel. En effet, par trois fois, la ville natale de Baaba MAAL, Podor a remporté les concours de la semaine de la jeunesse du Sénégal. Cette influence du théâtre transparaît dans la création de l’artiste : «J’ai fait du théâtre, et je tiens au côté visuel de mes spectacles, à la chorégraphie, aux costumes, comme dans un clip» dit Baaba MAAL. En 2006, il est l’initiateur d’un festival Blues du Fleuve : «Je suis riche de tout ce qui me rend riche. La richesse n’est pas toujours quelque chose de matériel, c’est avant tout l’amitié, la famille et le bien-vivre ensemble» dit-il.
Baaba MAAL a glorifié les hauts faits des héros du Fouta-Toro qui ont marqué d’une page indélébile l’histoire du Sénégal. Ainsi dans «Yéro Maama», un guerrier des temps anciens, Baaba MAAL fustige le déshonneur, et vante le courage, une grande vertu de la société traditionnelle peule : «Yéro Maama», c’est «le fortuné, le brave guerrier que les lances protègent. Le Prince au collier en or, aux pieds sur les étriers. C’est lui, le fagot de bois verts, que ne peuvent porter ni 10 personnes, ni une seule personne. Devant se trouve la mort, mais derrière aussi la honte ; car le brave doit redouter la honte et mépriser la mort» chante-t-il dans «Yéro Maama». Baaba MAAL, dans son hommage à Samba Guéladio, un prince Satigui déshérité injustement, revient sur ce thème : «Samba qui ose allier le geste à la parole, ne fuit jamais. Il a défié le pouvoir de Konko. Que Dieu sauve le guerrier d’une mort honteuse, mourir dans son lit, au milieu des pleurs des enfants et des cris de vieillards» chante-t-il dans «Dogata», (Celui qui ne fuit pas). Il a aussi chanté Coly Tenguella BA (Fin XVème et début XVIème siècle), l’unificateur du Fouta-Toro et le fondateur de la dynastie des Déniankobé qui a régné pendant plus de quatre siècles. Baaba MAAL a aussi rendu un vibrant hommage au Fouta-Toro des Almamy, à travers la personne de Thierno Souleymane BAL (1720- 15 septembre 1776) ; celui a a organisé la Révolution des Torodos, pour la rectitude et la bonne gouvernance, contre le régime païen des Satigui, devenu, avec l’usure du pouvoir, particulièrement oppresseur et esclavagiste : «Tout le Fouta te loue, te remercie, toi Souleymane, le brave de Bodé, un grand érudit. Des destructeurs (Les Maures) pénétrèrent et razzièrent le Fouta. Chaque village, 5 kg d’or était la dîme (Mouddo Horma). Souleymane a mis fin au tribut. Des mosquées furent construites, la paix revint au Fouta» chante-t-il dans «Muudo Horma» (Le tribut). Baaba MAAL a repris «Taara», une chanson traditionnelle malienne, en l’honneur d’El Hadji Omar TALL (1794-1864), un résistant, en faisant état de sa biographie, sa généalogie, ses miracles, son érudition et sa contribution décisive à l’islamisation du Sénégal. Baaba MAAL a loué l’héroïsme d’Elimane Boubacar KANE, exécuté, pour sa résistance et son courage ; il a aussi fustigé la bassesse des traîtres : «L’homme aveugle au cœur de lion est parti. C’est toi le soleil de Dimat-Diéri, le soleil du Fouta-Toro, le soleil du Sénégal. Elimane Boubacar Kane combattait les destructeurs au cœur du Fouta. A l’arrivée des Blancs, les gens du Dimat ont dit Non : vos actes nobles ne seront jamais oubliés» chante-t-il dans «Elimaan Buubakar Kan». Baaba MAAL a aussi exhumé la résistance du Lam-Toro, Bocar Sidiki SALL, qui fut impliqué dans l’affaire dite de Podor, au cours de laquelle l’administrateur du cercle, Abel JEANDET (1852-1890), fut tué, le 2 septembre 1890 à Aéré-Lao par Baïdy Kathié PAM. Cet administrateur colonial, qui avait fait prisonnier le Teigne du Baol, tué ses deux lieutenants, le 20 mars 1890, et maté la révolte du Bourba de Djolof, en mai 1890, a été appelé par le gouverneur de Saint-Louis pour pacifier le Fouta. Il devrait supprimer la royauté, remuante, du Lam-Toro et «transformer le Fouta-Toro en une confédération de chefs alliés», écrit Bernard-Henri GAUSSERON dans sa biographie sur Abel JEANDET, page 150. Les colons saisirent, cette occasion, pour accuser le Lam-Toro d’avoir commandité cet assassinat. Baïdy Kathié PAM fut exécuté, sans procès, sur la place publique de Podor, le 10 septembre 1890, tandis que le 15 septembre 1890, le Lam-Toro et Mamadou Yoro SALL, furent pendus nus et leurs corps jetés au fleuve : «J’ai pleuré celui qui a fait don de sa vie pour sauver le Fouta, qui fut tué et trahi. Ceux qui trahirent le Lam-Toro, ce sont ceux qui détruisirent le Fouta, intronisèrent des étrangers dans notre pays. Celui qui a lavé l’affront, fut trahi et tué. (…) Nos forces ont été annihilées, nos ressources ont été dérobées. Nos connaissances ont été méprisées.  Le Fouta n’oubliera pas.  les actes d’hier sont les discussions d’aujourd’hui» chante-t-il dans «Lam-Toro».
B – Baaba MAAL, le nationaliste et le panafricaniste
Baaba MAAL ne chante pas seulement que les valeurs culturelles du Fouta-Toro, il est profondément Sénégalais et nationaliste : «Son œuvre enjambe les frontières physiques et les barrières socio-culturelles» écrit Oumar Demba BA. Dans «Leydi Rimbé» (Pays des Hommes libres), le Sénégal comme étant un pays de culture, de foi et de liberté : «Le Sénégal est avant tout un pays de foi, ensuite nous sommes des hommes de culture. Je loue les Sénégalais, les hommes libres. Soyons un seul homme. Prions le Seigneur, pour le Sénégal. Que la paix soit sur vous. Je suis debout sur un tronc d’arbre poussant des cris, tel un coq, au milieu de la nuit, pour le Sénégal. Que la même détermination soit en chacun de nous !». Baaba MAAL a dénoncé le massacre du 1er décembre 1944, à l’encontre de Tirailleurs sénégalais, qui avaient combattu pour la France, contre le nazisme : «Quand mon cœur s’épanche, mes souvenirs me reviennent, à ce massacre de Thiaroye où de pauvres innocents furent exécutés» chante-t-il dans «Thiaroye».
Baaba MAAL est un grand militant pour la cause africaine, habité par l’Espoir et l’Espérance : «L’art peut être une passerelle, un fil tissé d’émotions et de beauté, pouvant relier l’humanité des nations et contribuer à leur coexistence pacifique» écrit le professeur Felwine SARR. Il invoque de toutes ses forces l’unité africaine : «L’aigle a glati et a encore glati. Mais ce cri n’est pas vain. J’ai entendu parler de vos nobles actes. Je les ai vus. J’y ai cru. Notre principal souci est l’unité africaine, pour le progrès des peuples africains. Notre souci, c’est que l’Afrique soit unie pour le progrès de notre peuple. La prochaine fois que nous devons mettre en place un pouvoir, élisons celui que nous comprenons, quelqu’un digne de notre confiance, parce que des pouvoirs se sont éternisés ici sans améliorer nos conditions de vie» chante-t-il dans «Dental», (L’Unité). En effet, chanteur engagé pour de nobles causes, Baaba MAAL aime à «chanter l’Afrique debout». Comme le dirait son amie, Angélique KIDJO, «la voix est le miroir de l’âme». Dans sa chanson «Fa Lay Fanan», Baaba MAAL évoque les conditions d’existence du continent africain : «L’Afrique est très loin derrière, c’est un fait. Elle a tout donné depuis l’esclavage, l’émigration. Les artistes qui voyagent amènent leur culture et une possibilité d’échange. Mais, en retour, l’Afrique attend quelque chose, un certain respect, l’attention par les gens concernés par les problèmes de santé, de pauvreté, qui se posent à elle. J’attends des nouveaux dirigeants à reconsidérer les rapports qu’ils ont avec les autres, et à négocier, exactement, à sa juste valeur, ce qui est dû à l’Afrique» dit-il.
Baaba MAAL en appelle à la jeunesse pour la liberté, contre l’Apartheid et le colonialisme, et pour la dignité de l’Homme africain, dans sa chanson «Gollé Sukaabé» (engagement des jeunes) : «On crie l’unité africaine, mais dans bien des pays des jeunes croupissent dans les prisons, sont injustement tués là-bas. En Afrique du Sud nos parents sont opprimés. Protégeons notre pays. Un seul grain de sable de notre pays ne doit pas être colonisé. Que la frontière de notre pays s’arrête au fleuve !» entonne-t-il. En panafricaniste, l’Afrique est qualifiée de «notre pays».
II – Baaba MAAL, citoyen du monde et humaniste
A – Baaba MAAL, promoteur de l’harmonie entre les hommes et les nations
Les combats de Baaba MAAL dépassent largement le cadre de la musique. Il rêve d’une harmonie entre tous les Hommes. «Je compte sur ma notoriété pour amener les gens à se rencontrer et discuter» dit-il. Pour Baaba MAAL, chacun doit apporter sa pierre à l’édifice, pour le développement de l’Afrique. Il a lancé, en décembre 2014, à Podor, le projet de NANKA (agriculture, pêche, élevage, culture et nomadisme) avec plus de 800 sections. Baaba MAAL est un représentant du Programme des Nations Unies pour le Développement «Ce statut renforce ma détermination de travailler d’arrache-pied pour contribuer au maximum à l’amélioration de la qualité de vie sur le continent africain, surtout chez les jeunes dont le futur est sérieusement menacé par l’illettrisme, l’extrême pauvreté et le SIDA. Lorsque je parle de l’Afrique, je parle de la manière dont l’Afrique va se développer dans ce nouveau millénaire. C’est pour cela que j’aime faire de la musique. Les gens sont plus à l’écoute des messages que je veux faire passer» dit Baaba MAAL.
Baaba MAAL a sans doute été influencé, dans sa jeunesse, par l’idéologie maoïste, dominante dans les années 70 au Sénégal. Sa conception de l’artiste engagé rejoint celle de l’écrivain nigérian, qui a parlé du «fardeau de l’écrivain noir». En effet, Chinua ACHEBE (1930-2013) estime que, si dans l’Afrique soumise, il appartient à l’artiste africain de s’attaquer à l’injustice coloniale, dans l’Afrique indépendante, l’artiste doit continuer de dénoncer l’injustice partout où il la voit, même s’il s’agit d’une injustice commise par les Africains contre d’autres Africains : «Nous ne devons jamais renoncer à notre droit d’être traités comme des membres à part entière de la famille humaine. Nous devons aspirer à la liberté d’exprimer notre pensée et nos sentiments, même contre nous-mêmes, sans nous inquiéter de savoir si ce que nous allons dire risque d’être retenu comme une preuve contre notre race» écrit Chinua ACHEBE. Baaba MAAL a gardé en mémoire, ce que lui a dit, en avril 2001, Nelson MANDELA (1918-2013) : «le message des artistes est plus important que celui des hommes politiques, parce qu’il touche le cœur des gens, dans les bureaux, les cuisines, les supermarchés». En définitive, tout artiste devrait être conscient de la valeur et de la puissance de son message ; sa musique, une confidence du cœur, peut atteindre des zones reculées, inaccessibles, là où le discours articulé ou l’écrit sont inaudibles. C’est une force considérable qu’il faudrait utiliser, à bon escient.
Dans un entretien accordé à François BONSIGNOR, daté de 2001, Baaba MAAL, faisait de son combat pour la défense de la nature, une cause majeure. Pour lui, dans sa chanson «Leydi Ma» (Ta terre) : «Tout commence et tout finit par la terre. On naît sur la terre, on plante sa nourriture dans la terre, et sur la terre que sont bâtis nos toits et, quand on meurt, on retourne à la terre. Il nous faut donc avoir un grand respect, du début à la fin, pour la terre et l’environnement. Il faut prendre conscience de tout ce qui peut faire mal à cette Terre, et se mobiliser pour lutter contre» dit-il. A la rencontre sur les changements climatiques, à Copenhague, du 1er au 12 juin 2009, Baaba MAAL a décidé d’arrêter de fumer, pour protéger notre Terre. Pour lui, il ne faudrait pas subir, il faudrait informer et éduquer afin de faire «jaillir la lumière» dit-il.
L’Afrique étant souvent ravagée par des guerres et diverses calamités, aussi Baaba MAAL chante pour la paix et contre les discriminations. Ainsi, dans sa chanson «Allah Addu Jam», avec accompagnement du Hoddou, le luth peul et des cœurs traditionnels, il invoque la tolérance et le bien-vivre ensemble : «La chanson parle des conditions des Peuls et de leur espoir de paix. On sait souvent qu’ils habitent souvent des régions frontalières où coexistent des problèmes très aigus» dit-il en 2001. Il y avait eu des massacres de Peuls en avril 1989, en Mauritanie. Baaba MAAL était visionnaire, puisqu’en mars 2019, un épouvantable massacre de 135 personnes sera perpétré par les Dogons contre les Peuls au Mali. «Trop, c’est trop, nous avons le devoir d’élever la voix. Nous vivons au XXème siècle, nous en tant qu’Africains, nous avons beaucoup de priorités autres que de voir nos fils s’entre-tuer» dit-il, le 25 mars 2019. Baaba MAAL revient sur le thème de la paix dans «Jaam Léeli» : «Que la paix revienne. Je ne demande que la paix. La sécheresse a empiré. Le monde a basculé. L’Holocauste a commencé. Les guerres sont injustifiées. Levez-vous ! Le temps du refus est arrivé avant que ne s’installe le regret» dit-il.
B – Baaba MAAL, promoteur de la musique africaine
La voix exceptionnelle et son vocal et la maîtrise de la musique, font de Baaba MAAL le meilleur défenseur de la musique africaine sur la scène internationale, notamment en matière de musique pour les films. C’est une grande opportunité pour les générations de musiciens africains montantes. Baaba MAAL encourage de nouvelles générations de musiciens pour la relève. Il a ouvert des portes qui étaient presque hermétiquement fermées. Ainsi, en février 1996, Baaba MAAL est nominé aux Grammy Awards, dans la catégorie World Music, pour son album «Firin’ Fouta». Cette nomination va le propulser au-devant de la scène mondiale. Mais la consécration viendra de la musique de «Black Panther» avec un Grammy Award et un Oscar, le 25 février 2019. En effet, Baaba MAAL, avec le compositeur du film, le suédois Ludwig GORANSSON, a fait le tour du Sénégal «dans le but de s’imprégner de la musique du pays. Ça lui a permis d’entrer dans le vif de la musique africaine pour pouvoir écrire les premières notes, avec les percussions, les voix» dit-il. C’est un film important pour l’Afrique. Le «Yéla» qui est chanté dans ce film, est une musique qui allait bien avec l’un des thèmes du film : la contestation du pouvoir, comme cela a été le cas du conflit entre le prince Déniankobé, Samba Guéladiodiégui et son oncle Konko Boumoussa. Baaba MAAL est persuadé, que dans l’optimisme qui se dégage du film «Black Panther», le «Wakanda» (pays africain fictif) signifie que le monde attend quelque chose de l’Afrique, et la culture y tiendra une place majeure «On a traversé des turbulences (esclavage et colonisation), mais toutes ces énergies qui se font jour, même s’il y a encore la pauvreté, quelque chose de positif va en jaillir : L’Afrique, c’est le continent du futur» dit Baaba MAAL.
Auparavant, en 1998, Baaba MAAL avait réalisé la musique du film de SEMBENE Ousmane, «Guelwar», à travers sa chanson «Allah Wadata Ko Hanna». Baaba MAAL  En 2001, Hans Zimmer sur la BO du film «La Chute du Faucon Noir» (Black Hawks Down), ainsi que la musique du jeu vidéo Far Cry 2. Sa chanson, «Souka Nayo» est entendue dans une série culte «Sex in the City». En 2014, Baaba MAAL participe à la musique du film «Exodus : Gods and Kings» de Ridley SCOTT.
Lors de la coupe du monde au Brésil, en 2014, Baaba MAAL s’engage activement dans «Protect the Goal» dans la lutte contre le SIDA. Ambassadeur de l’ONG, OXFAM, depuis 2012, il a démissionné de ses fonctions, suite au fait que certains dirigeants de cette organisation ont été accusés d’abus sexuels sur des mineurs, notamment à Haïti : «Ce qui s’est passé, sur le plan humain, est répugnant et déchirant. C’est très triste. Les personnes vulnérables, particulièrement les enfants, devraient toujours être protégées. De ce fait, je me dissocie immédiatement d’Oxfam» a déclaré Baaba MAAL.
Pour Baaba MAAL, son projet le plus grand, «c’est la vie, la rencontre avec les autres», pour une compréhension mutuelle, dit-il. Baaba MAAL rejoint la mission que Jean-Paul SARTRE assigne à l’artiste : «L’écrivain est un parleur, il est donc dans l’action même et non dans la contemplation, en arrêt. Ecrire c’est dire, c’est le mouvement, l’action, enfin l’engagement, car toute chose qu’on nomme n’est plus déjà tout à fait la même, elle a perdu son innocence» dit-il dans «Les Mots». Baaba MAAL dira «On meurt toujours avec un regret ou un projet non-réalisé. Mais la musique m’a donné la joie de vivre ; c’est ce qu’il y a de plus important pour moi. La musique est une forme de liberté d’expression, sans limites». Dans  «Les damnés de la terre» Frantz FANON a écrit : «Chaque génération doit dans une relative opacité découvrir sa mission, la remplir ou la trahir». Baaba MAAL, dans sa contribution artistique et littéraire a parfaitement rempli sa mission. A Diarama ! Merci et reconnaissance.
Bibliographie très sélective
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Paris, le 31 décembre 2019, par Amadou Bal BA – http://baamadou.over-blog.fr/