Le petit dernier a mal au ventre, et si c’était l’appendicite ? Le point sur les signes à ne pas ignorer avec un médecin spécialiste.
L’appendice, c’est un organe dont on parle peu. Situé au bout de la première partie du côlon (que l’on appelle le cæcum), il s’agit d’une petite excroissance de quelques centimètres de long en forme de doigt.
L’appendice (aussi appelé « appendice iléo-cæcal », « appendice vermiforme » ou encore « appendice vermiculaire » en langage médical) est un organe lymphoïde qui participe à l’immunité digestive. « Comme les amygdales, son rôle est important durant l’enfance mais il diminue avec l’âge », souligne le Pr. Frank Zerbib, gastro-entérologue et hépatologue.
APPENDICITE : C’EST QUOI EXACTEMENT ?
L’appendicite, c’est une inflammation de l’appendice. Celle-ci résulte habituellement d’une infection bactérienne : « les bactéries intestinales prolifèrent (à la faveur de l’accumulation de matières fécales, de la présence d’un corps étranger, d’une compression…) et cela entraîne une réaction immunitaire « de défense » de la part de l’organisme – l’inflammation », précise le Pr. Zerbib.
Cette inflammation est comparable à celle des amygdales – que l’on appelle amygdalite ou, plus communément, « angine ».
À savoir. L’appendicite peut potentiellement atteindre tout le monde : il n’y a pas de facteurs de risque particuliers. « C’est une pathologie que l’on constate plutôt chez les jeunes âgés de moins de 20 ans », précise tout de même le spécialiste. Il est à noter que l’appendicite est rarissime avant l’âge de 2 ans.
APPENDICITE : QUELS SONT LES SYMPTÔMES ?
Le symptôme principal de l’appendicite, c’est la douleur. Celle-ci est plutôt intense (elle fait penser à une crampe ou à une torsion) et est assez localisée, au niveau de la fosse iliaque droite (en bas à droite du nombril, juste au-dessus du pli de l’aine).
Dans 60 % des cas environ, on observe aussi une fièvre modérée – généralement comprise entre 37,5°C et 38,5°C. L’appendicite s’accompagne aussi de symptômes digestifs : des nausées et une perte d’appétit sont présents dans 50 % des cas, de la constipation et des vomissements dans 30 % des cas. On peut aussi constater un enduit blanchâtre sur la langue et une haleine désagréable.
Attention ! « L’appendicite est l’une des pathologies les plus compliquées à diagnostiquer car les symptômes sont très variables : ainsi, il n’y a pas forcément de douleur ou alors elle peut être localisée « au mauvais endroit » », note le Pr. Zerbib.
Ainsi, chez l’enfant âgé de moins de 3 ans, l’appendicite se manifeste souvent à travers des insomnies, de l’agitation, de la diarrhée et/ou une perte d’appétit. Chez la femme enceinte, l’appendicite est souvent confondue avec une colite hépatique puisque la douleur est localisée plus haut que la fosse iliaque droite.
APPENDICITE : C’EST GRAVE, DOCTEUR ?
Face à des symptômes pouvant faire penser à une appendicite, il est indispensable de se rendre aux Urgences. En effet, si les lésions inflammatoires sont limitées à l’appendice, on parle d’appendicite aiguë, « simple » ou « non-compliquée » : l’inflammation peut toutefois se compliquer jusqu’à l’apparition d’un abcès – on parle alors d’abcès appendiculaire.
Enfin, si l’abcès se perce, on aboutit à une péritonite, c’est-à-dire à une inflammation du péritoine, le « sac » dans lequel se trouvent les viscères qui est normalement stérile. « Il s’agit d’une urgence chirurgicale, souligne le Pr. Zerbib. On observe alors, outre les symptômes précédemment cités, des douleurs intenses, une fatigue anormale et un abdomen dur et sensible au toucher. »
APPENDICITE : QUELLE PRISE EN CHARGE ?
Diagnostic. Outre l’examen clinique, le diagnostic de l’appendicite (qui est réalisé à l’hôpital) nécessite une prise de sang – celle-ci révèle une hausse du nombre de globules blancs dans le sang (hyperleucocytose) et une hausse du taux sanguin de protéine c-réactive (CRP : il s’agit d’un témoin de l’inflammation). « Rarement, des examens complémentaires sont réalisés pour visualiser l’appendice – échographie ou scanner », ajoute le gastro-entérologue.
Traitement. À l’heure actuelle, le traitement de l’appendicite repose sur une opération chirurgicale qui consiste à retirer l’appendice, siège de l’inflammation – on parle d’appendicectomie. En 2015, selon l’Assurance Maladie, 72 000 séjours hospitaliers pour appendicite ont eu lieu en France – parmi lesquels 56 % d’appendicites non-compliquées et 44 % de pathologies compliquées.
« L’appendicectomie est une intervention chirurgicale sûre qui peut parfois se faire en ambulatoire et qui dure moins d’une heure en l’absence de complications », assure le Pr. Zerbib. En cas de péritonite, l’opération est plus longue : il est en effet nécessaire de « laver » le péritoine et de poser un drain – une hospitalisation est alors incontournable.
Les complications post-opératoires de l’appendicectomie les plus fréquentes sont l’abcès de la cicatrice, l’abcès intra-abdominal, la « réouverture » du moignon appendiculaire et la péritonite secondaire.
Appendicite : bientôt traitée par antibiotiques ? Selon une récente étude publiée dans le New England Journal of Medicine, l’antibiothérapie pourrait (dans certains cas) remplacer la chirurgie en cas d’appendicite. Ainsi, sur les 1500 patients souffrant d’appendicite recrutés par les chercheurs, 70 % ont évité la chirurgie et n’ont été traités qu’à l’aide d’antibiotiques.