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«Albert MEMMI (1920-2020) et sa grande solidarité avec les dominés», par Amadou Bal BA –

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Albert MEMMI vient de nous quitter le 22 mai 2020, à Paris, à l’âge de 100 ans, à la rue Saint Merri ; il est né le 15 décembre 1920, à la Hara de Tunis. Albert MEMMI, cet intellectuel Juif franco-tunisien, dans ses écrits, s’est toujours illustré par sa défense résolue de tous les dominés et par sa lutte contre le préjugé, d’où qu’il vienne. Ce brillant auteur a bien compris que tous les faibles, au lieu de se combattre, vainement et stérilement, devraient s’unir contre leur ennemi commun, les forces du Chaos. Albert MEMMI a constamment recherché la solidarité de tous, érigeant ainsi une puissante cathédrale de fraternité «Quel artiste né n’a pas rêvé de cathédrale et n’y a pas renoncé avec désespoir ? Nos cathédrales à nous sont dorénavant nos vies , à condition d’en avoir la grandeur et le foisonnement» écrit Albert MEMMI, dans sa préface sur «Ce que je crois». En effet, toute l’œuvre d’Albert MEMMI, contemporaine du nationalisme arabe et des indépendances, vise à approfondir et à théoriser les notions d’«identité», d’«aliénation», de «dépendance» : «L’identité se trouble dès lors qu’on la considère, et n’y songe que lorsqu’elle est menacée» écrit Albert MEMMI. Cette œuvre «engagée, fortement enracinée dans ces événements, exprime le dynamisme, les interrogations et les révoltes, (…) un encouragement non dissimulé à la lutte, un réquisitoire contre l’oppression coloniale » écrit Guy DUGAS, dans «Albert Memmi, écrivain de la déchirure». Dans son avant-propos du livre «Albert MEMMI, prophète de la décolonisation», le professeur Edmond JOUVE écrit : «Nous étions jeunes, et l’Algérie était en guerre. En vain, nous cherchions à comprendre. Et voici que, comme une étoile dans la nuit, un nom s’inscrivit dans notre ciel : celui d’Albert Memmi. Et qu’un livre s’imposa à nous, qui nous délivra de nos peurs : portrait du colonisé». En effet, Albert MEMMI, décrivant avec précision la physionomie et la conduite du Colonisateur et le Colonisé, le drame liant l’un à l’autre, était parvenu à la conclusion irrémédiable qu’il n’y avait pas d’issue à la colonisation, sinon son éclatement et l’indépendance des Colonisés. En effet, Albert MEMMI a révélé, définitivement, les mécanismes communs à la plupart des oppressions, n’importe où dans le monde. «Celui qui souffre, s’il prend conscience de soi, s’il connaît ses complicités, peut éclairer les autres, en parlant de soi-même» écrit Jean-Paul SARTRE, dans la préface de «Portrait du Colonisateur et du Colonisé».

Juif et Arabe, romancier et essayiste, Tunisien et Français, l’essentiel de l’œuvre d’Albert MEMMI est une recherche des tréfonds de l’âme humaine, la compréhension des cris, des fureurs et les espérances de l’homme dominé, pour accéder à son émancipation. Sa contribution littéraire est capitale dans la prise de conscience des colonisés de l’oppression dont ils sont victimes, notamment à travers le portrait du colonisé et celui du colonisateur, le portrait du Juif et, plus généralement, celui de l’homme dominé, le prolétaire, la femme, le domestique, du décolonisé arabo-musulman, les Noirs africains ou américains. L’œuvre de MEMMI est une étude qui se veut exhaustive de l’aliénation de l’homme par son semblable, une démarche salvatrice et thérapeutique, un outil de combat. «Voici un écrivain français de Tunisie qui n’est ni français, ni tunisien. Il est juif, de mère berbère, ce qui ne simplifie rien, et sujet tunisien. Cependant, il n’est pas réellement tunisien, le premier pogrome où les Arabes massacrent les juifs le lui démontre. Sa culture est française. Cependant, la France de Vichy le livre aux Allemands, et la France libre, le jour où il veut se battre pour elle, lui demande de changer la consonance judaïque de son nom. Il ne lui resterait plus que d’être vraiment juif si, pour l’être, il ne fallait partager une foi qu’il n’a pas et des traditions qui lui paraissent ridicules. Que sera-t-il donc pour finir ? On serait tenté de dire un écrivain» écrit Albert CAMUS dans la préface du roman «La statue de sel» paru en 1953. Les trois ouvrages d’Albert MEMMI (La statue de sel, Agar et le Portrait du colonisé) serviront de livre de chevet à tous les combattants pour l’indépendance – Peaux noires, masques blancs de Frantz FANON et «Discours sur le colonialisme» d’Aimé CESAIRE.

Albert MEMMI, né le 15 décembre 1920 dans une Tunisie, sous protectorat, mais en fait colonisée par la France, d’une mère berbère, Maïra SERFATI et d’un père juif d’origine italienne, Fraj MEMMI, l’un et l’autre arabophone, incarne une identité très fragmentée : «Je suis né en Tunisie, à Tunis, à deux pas de l’important ghetto de cette ville. Mon père artisan-bourrelier, était pieux avec modération», écrit Albert MEMMI dans la préface de «portrait d’un Juif». C’est une société coloniale hiérarchisée. Albert MEMMI, au carrefour de plusieurs cultures, est un écrivain de combat : «Il y a eu la colonisation, la guerre, la décolonisation. Disons alors les choses autrement : je suis le premier des garçons d’une famille de huit enfants ; mon père, artisan bourrelier, eut quelque mal à nous procurer le nécessaire. En outre, nous étions juifs, ce qui, en pays arabe, même sous protectorat français, posait quelques problèmes. Nous étions enfin tunisiens, donc colonisés et citoyens de seconde zone» dit-il. En effet, dans la stratification sociale, au sommet, le colonisateur bénéficie de privilèges importants et inspire à la fois crainte et soumission. Maltais et Italiens, quoique pauvres, glanent quelques modestes privilèges. L’autochtone, le plus démuni, le plus exploité, au bas de l’échelle, constitue la vaste majorité de la population. En 1920, la communauté musulmane comptait 12 millions de personnes et les Juifs, 200 000, marqués par des rapports d’infériorisation, de sujétion, de mépris ou de xénophobie.

La colonisation française apporte une légère amélioration, le décret Crémieux du 24 octobre 1870, accorde la nationalité française aux Juifs d’Algérie, de Tunisie et du Maroc. «Je suis né à Tunis, Afrique du Nord, et je ne me suis guère éloigné de ma ville natale à plus de 100 km jusqu’à vingt ans. Et comme la ville était divisée en quartiers hostiles et méfiants, j’évitais de m’aventurer longtemps ailleurs que dans la nôtre. Ainsi, chacun vivait pour soi, dans ses traditions, ses préjugés, ses peurs et ses haines, Arabes, Juifs, Français, Italiens, Maltais, Grecs, Russes» écrit Albert MEMMI. Son père, Fraji dit François, était bourrelier illettré, installé à la lisière du ghetto juif de la Médina de Tunis, La Hara, peuplé de personnes défavorisées, mais attachées aux traditions mosaïques et au culte. La Tunisie, ancien protectorat de l’Empire Otman, a été placée sous tutelle de la France en 1881. La présence des Juifs en Tunisie est mentionnée depuis la destruction du premier temps et lors des occupations phéniciennes et romaines. L’installation de sa famille dans La Hara n’était pas le fruit du hasard, mais plutôt celui d’attaches communautaires et d’intérêts commerciaux. Les licols que fabriquait François avec son ouvrier italien Peppino, étaient vendus à des cochers maltais ou à des charretiers de Gabès. Son épouse était une Berbère de pure souche qui ne parlait que le judéo-arabe; quant à François, il pratiquait l’arabe, le maltais et l’italien et il possédait également quelques notions de français. Sa mère, Maïra SARFATI, a fait 13 enfants, dont 8 ont survécu. « Memmi serait un antique patronyme kabyle, qui signifie «le petit homme» ou, autre hypothèse, le vocatif de Memmius, membre de la gens romaine Memmia » écrit Albert MEMMI. En raison de son appartenance multiple, « j’étais une sorte de métis de la colonisation, qui comprenait tout le monde, parce qu’il n’était totalement de personne », dit MEMMI.

Albert étudiera, de 1924 à 1927, au Koutab, à l’école juive, où il apprendra aussi le français, qui deviendra sa langue d’écriture. «Je ne pouvais pas m’exprimer profondément et rigoureusement dans la langue de ma mère, qui n’a jamais parlé qu’en patois tunisois», souligne-t-il, évoquant l’arabe dialectal. Elève brillant, il parvint à décrocher une bourse qui lui ouvrira, en 1932, les portes du lycée Français de Tunis. Cet évènement, dira Albert MEMMI, «sera l’évènement majeur de ma vie», puisque le voilà en possession de la clé qui l’aidera dans la maitrise de la langue française, l’instrument essentiel de son périple d’intellectuel et d’écrivain français. Au lycée il rencontre Aimé PATRI (1904-1983) et Jean AMROUCHE (1906, Algérie, 1962, Paris), écrivain, journaliste littéraire, homme de radio et négociateur des accords d’Evian mettant fin à la guerre d’Algérie ; ce dernier l’a fortement influencé : «J’ai connu Jean Amrouche, qui était un excellent poète et qui fut mon professeur de littérature en première puis en classe de philo. Lui ne croyait qu’à la poésie : elle était la clef du savoir, l’intuition du monde, il y avait quelque chose de mystique dans cette approche. À mon avis, il allait trop loin ; mais j’ai subi cette influence, j’ai donc éprouvé le besoin de rendre compte d’une manière littéraire de la vie, du vécu» écrit Albert MEMMI. En 1939, il obtient son baccalauréat au lycée Carnot de Tunis. Il s’inscrit en philosophie, tout en restant surveillant d’internat, mais démissionne de son poste en raison de la politique de Vichy. De 1941 à 1943, parallèlement à ses études, il fait du journalisme. En 1943, il est renvoyé de l’université d’Alger, parce que Juif et fait l’expérience d’un camp de travail obligatoire, dans l’Est tunisien.

En 1946, il partit pour Paris, étudier la philosophie à la Sorbonne. «Lorsque je suis arrivé à Paris, la première fois, pour faire mes études, je ne connaissais strictement personne. Par commodité, je logeais à 200 mètres de la Sorbonne, à l’Hôtel Molière, aujourd’hui disparu. J’espérais bien trouver Jean Amrouche, mais il était en voyage» écrit Albert MEMMI. A la Sorbonne, ses enseignants, Daniel LAGACHE (1903-1972) et Georges GURVITCH (1894-1965) l’incitent à s’intéresser à la sociologie. A Paris, Albert MEMMI épousa, le 24 décembre 1946, Marie Germaine DUBACH, une Lorraine, catholique, agrégée d’Allemand, rencontrée à la Cité Universitaire, «une française, blonde aux yeux bleus» ; ce mariage mixte va inspirer son roman «Agar». Le couple aura trois enfants (Daniel né en 1951, Dominique née en 1953 et Nicolas, né en 1961). Germaine est affectée à Amiens, et c’est là qu’Albert MEMMI entreprend d’écrire «La statue de sel» pour faire le bilan de sa vie. En 1949, il retourna à Tunis, avec elle, pour enseigner la philosophie au Lycée Carnot avant d’être nommé directeur d’un centre de psychopédagogie et sa femme obtient un poste d’enseignante au lycée des jeunes filles à Tunis. Il se rend compte qu’il n’est pas fait pour ce métier de psychopédagogie, mais cette expérience lui permet de recueillir de précieux renseignement sur le racisme, la xénophobie, le mariage mixte ou les conflits de civilisations. Le couple se fait construire une belle villa à Beausite, dans la banlieue de Tunis. En 1954, quand la Révolution algérienne éclate, il s’inspire des débats pour écrire «Portrait du colonisé» ; il est persuadé que les jours du colonialisme sont comptés. Il est en charge des pages culturelles du journal l’Action, un hebdomadaire nationaliste de langue française, créé par Bachir Ben YAHMED, membre fondateur de Jeune-Afrique. Cette initiative est à l’origine de la systématisation du phénomène dit de «Littérature maghrébine» et la montée de la francophonie. Il fondera une collection chez François MASPERO, dite «Littérature maghrébine d’expression française». Mais cette littérature francophone est balbutiante ; il avait annoncé la montée de la littérature arabe avec la décolonisation imminente. Albert MEMMI vit alors du dedans la décolonisation au Maghreb, en intellectuel militant, mais avec cette différence majeure qu’il n’est pas un intellectuel ou un militant comme les autres, parce qu’il est un juif arabe. Le choc des cultures s’impose : Germaine doit se fondre dans un milieu partagé entre judaïsme et islam; nous avons là la trame de son second roman «Agar», dont le pivot sera le mariage mixte.

En 1956, Albert MEMMI, retournera, de façon définitive, à Paris, à la rue Saint-Merri, dans le 4ème arrondissement, car, il avouera lui-même, «j’ai aidé les nationalistes en sachant que je n’aurai pas ma place dans cette aventure». Ses aspirations intellectuelles ainsi que son profond désir de faire une carrière littéraire lui feront choisir la France. Il enseigne la psychiatrie sociale à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, et est également attaché de recherche au C.N.R.S et membre de l’Académie des Sciences d’Outre-mer. Il dirige aussi la collection «Domaine maghrébin» aux éditions Maspero. En 1967, il établit dans les «Cahiers de sociologie de la connaissance», un parallèle entre la Judéité et la Négritude. De 1968 à 1971, il enseigne à l’Institut de psychanalyse de Paris, les relations entre la psychanalyse et la littérature. Entre 1971 et 1972, il enseigne la sociologie à Paris X, puis il a été professeur-invité, puis «Fellow», à l’université de Seattle, et il rédige pour l’Enclopaedia Universalis, les définitions des concepts de racisme et de colonisation.

Il établit une relation très étroite entre le racisme et l’oppression, notamment coloniale : «Le racisme est la dévalorisation profitable d’une différence» ou, plus techniquement, «le racisme est la valorisation, généralisée et définitive, de différences réelles ou imaginaires, au profit de l’accusateur et au détriment de sa victime, afin de légitimer une agression», écrit-il. Naturalisé français, en 1973, il est titulaire du prix de Carthage (Tunis, 1953), du prix Fénéon (Paris, 1954) et du prix Simba (Rome) et enseigne à l’Université de Nanterre.

I – Albert MEMMI et les identités fragmentées

Toute la vie d’Albert MEMMI, «à cheval sur deux civilisations», est un combat pour clarifier les identités multiples, un long chemin de quête de soi. «Chacun de mes livres aura été une étape d’un même itinéraire (…). J’aurai passé la majeure partie de ma vie à écrire. L’écriture m’a souvent servi de béquille ; chacun a la sienne, de sorte que ma vie et mon travail se répondent» écrit Albert MEMMI. L’autobiographie étant l’art de «s’éveiller à soi-même par l’écriture» suivant Germaine BREE. Par le biais de l’autographie, Albert MEMMI «on accumule livre sur livre pour essayer de se construire et de se reconstruire».

A– Albert MEMMI et son roman La statue de sel

Dans «La statue de sel», son premier roman autobiographique, Albert MEMMI a choisi de dénoncer l’oppression familiale et coloniale, en dégageant les mécanismes de l’aliénation. Le narrateur, faisant le bilan de sa vie, y raconte la découverte de sa différence et de son exclusion. Rompant peu à peu avec l’Orient natal, mais mal accepté par un Occident lui-même peu respectueux de ses propres valeurs, il conclut à «l’impossibilité d’être quoi que ce soit de précis pour un juif tunisien de culture française». Pendant toute son enfance, le héros du roman, Alexandre Mordekhai Benillouche, s’est senti protégé par la structure famille. Mais son nom, rappelle une identité multiple : «Mordekhaï» renvoyant à son identité juive, «Alexandre» au monde occidental et «Benillouche» rappelle non seulement sa judéité mais aussi le monde indigène et berbère. Dans l’épreuve de sa confrontation au monde, Mordekhaï fait l’apprentissage de sa différence. Ce sont les autres qui relèvent son moi. Pour lui, l’autre, c’est le colonisateur. Au lycée, avec le contact des Européens imprégnés de préjugés sur les indigènes, il découvre sa situation de colonisé. Il prend conscience de sa différence, la modestie de ses origines et le ridicule de son nom «Ne pourrais-je dire que mon nom renferme déjà le sens de ma vie ?» écrit Albert MEMMI. La triple identité (française, juive et berbère) provoque chez lui un tiraillement permanent. «Voilà que ma vie me remonte à la gorge : je ne suis pas simplifiable», écrit Albert MEMMI. Partout, il se sent sempiternellement étranger : «indigène dans un pays de colonisation, juif dans un univers antisémite, Africain dans un monde où triomphe l’Europe» écrit MEMMI dans «la statue de sel». Il développe une sensibilité ou susceptibilité face à l’autre «J’ai appris à interpréter les sourires, à deviner aux chuchotements, à lire dans les yeux, à reconstituer le raisonnement au hasard d’une phrase, d’un mot saisi au vol» dit-il. Juif, habitant le ghetto et pauvre, cette fragmentation identitaire développe et intériorise en lui une agressivité ; il se sent persécuté : «Quand on parle de moi, à priori, je me sens agressé, mon poil hérisse, et j’ai envie de mordre» écrit-il dans «La statue de sel». Albert MEMMI «a honte parce qu’il révèle les trois identités qu’il porte en lui et qui le fracturent et lui pèsent parce qu’aucune d’elles ne lui va», écrit Joëlle STRIKE.

Albert MEMMI exprime constamment ce mal-être, ce décalage du Juif dans un monde musulman : «J’ai détesté l’école primaire, où j’étais sujet à de brusques angoisses parce que je ne comprenais pas le français; j’ai détesté le lycée, parce que je m’y sentais, parce que j’y étais un étranger parmi les enfants de la bourgeoisie; j’ai détesté l’université, parce que j’y étais désespérément déçu par des maîtres que j’admirais de loin, par la philosophie, élitaire et abstraite, de la Sorbonne, qui ne me concernait pas» écrit MEMMI dans «Le nomade immobile». Face à une telle identité brouillée comment parvenir à la réadaptation de soi ? Comment être d’un peuple et de tous ? Comment faire une synthèse polie, comme un son de flûte de toutes ces dissonances ?

Dans sa vocation littéraire d’Albert MEMMI a pour ambition d’examiner «la condition humaine de notre temps», en vue d’essayer «de voir clair en soi» et de recoller ainsi tous ces morceaux épars. Il veut étudier les différentes manières de se libérer. «Devant l’impossible union des deux parties de moi-même, je décidai de choisir. Entre l’Orient et l’Occident, entre les croyances africaines et la philosophie, entre le patois et le français, il me fallait choisir : je choisissais Poinsot, ardemment, vigoureusement. Un jour, entrant dans un café, je me suis vu en face de moi-même; j’eus une peur atroce. J’étais moi et je m’étais étranger. C’était un miroir qui couvrait tout un mur, si net qu’on ne le devinait pas. Je me devenais étranger tous les jours davantage. Il me fallait cesser de me regarder, sortir du miroir» écrit Albert MEMMI. Pour son inspiration littéraire MEMMI puise dans sa «terre intérieure», dans son vécu : «Un écrivain ne peut continuer à écrire que s’il puise dans ce que j’ai appelé quelque part la terre intérieure, s’il ne se coupe pas de ce terreau fondamental, cela est vrai. Inversement, s’il a besoin, pour vivre, d’y puiser, mais ce terreau, il peut le promener avec lui, il peut en disposer même sur une île déserte. Je suis devenu une espèce de chroniqueur de La Hara, le dépositaire de la mémoire collective de La Hara, qui me le rend au centuple» écrit Albert MEMMI. Mais ce monde du ghetto juif à Tunis, est disparu, il ne reste que des débris «Une vie ne se raconte pas. On la rêve, on la réinvente à mesure qu’on la raconte, on la revit, sans cesse de manière différente» dit MEMMI et il ajoute, «pour m’alléger du poids du monde, je le mis sur le papier, je commençais à écrire». Romancier et essayiste, Albert MEMMI souhaite «concilier la rigueur de la pensée de l’essai avec la richesse, la complexité du réel, de sauvegarder la saveur du vécu, sans se laisser tenter par la facilité de la fantaisie». Il ne se définit pas comme un philosophe, mais comme un écrivain : «Un écrivain est quelqu’un qui ne pose pas les problèmes d’abord, à la différence du philosophe. Il se trouve que j’ai aussi une formation philosophique et je comprends que l’on puisse poser d’emblée les questions de façon conceptuelle. Toutefois, ce qui fait la spécificité de l’écriture, c’est que les problèmes pour l’écrivain sont d’abord vécus. Et c’est parce qu’il a vécu un certain nombre d’expériences qu’il a ensuite théorisé, formalisé» écrit Albert MEMMI.

B – Albert MEMMI et son roman Agar

Dans «Agar» paru en 1955, Albert MEMMI se livre également à une étude autobiographie : «C’est dans mon deuxième roman, « Agar », que se trouve peut-être la clef de mon existence actuelle. Deux mois après avoir quitté Tunis et mon quartier, qui me paraît aujourd’hui un simple rêve d’une vie antérieure, j’épousais une fille blonde aux yeux bleus, catholique de l’Est de la France, de cette France qui ressemble si fort à l’Allemagne. Un autre rêve étrange, que je n’aurais jamais pu même concevoir : les difficultés du mariage mixte, le choc de deux cultures à l’intérieur du couple, les déchirements qui en résultent pour les époux, jusqu’au délire et à la catastrophe».

Agar est le nom de l’épouse étrangère d’Abraham, celle qu’il prit, désespérant d’avoir une progéniture issue de sa cousine et première épouse Sarah. Agar, c’est Marie, jeune étudiante alsacienne qui a épousé en France le narrateur du roman, médecin juif tunisien qui, rentrant au pays pour s’y installer, la ramène avec lui, partagé entre l’espoir et la crainte. Le roman raconte la dégradation constante des rapports de ces deux êtres, confrontés quotidiennement à ce qui les sépare et que la vie parisienne occultait. Peu à peu la gêne se transmue en haine et en mépris et l’amour qui survit par bribes ne fait qu’accentuer le déchirement. Agar est donc le roman d’un échec et cet échec, au delà de celui du couple, dit celui du dialogue problématique entre l’Orient et l’Occident. Le couple est alors confronté à une recherche éperdue d’identité qui mène à un inéluctable conflit de cultures conduisant les héros à s’enfoncer chacun dans une solitude des plus profondes. Ne retirant aucun bénéfice symbolique ou matériel de cette nouvelle culture, Marie semble se fermer hermétiquement. Progressivement, elle sera encline à ne plus «subir» et semblera de plus en plus lutter intérieurement, vivant une contre-acculturation silencieuse. «Le couple mixte n’implique pas seulement la différence, mais aussi une distance sociale, un rapport qui place l’autre en étranger, dans une terre étrangère» écrit Emira GHERIB. Marie, l’héroïne du roman Agar, sent une tension et des divergences avec sa belle-famille : «je n’ai pas quitté les préjugés et les superstitions de chez moi pour tomber dans cette barbarie» dit-il. En effet, pour Claude LEVI-STRAUSS l’homme est porteur de plusieurs cultures, «le barbare, c’est l’homme qui croit à la barbarie». Marie ne semble aucunement prête à faire des efforts d’ouverture, de curiosité envers les normes et les valeurs de son nouveau milieu. «Cette quête de l’identité est souvent doublée de la peur de l’incompréhension d’autrui, de déchoir à ses yeux pour avoir pris un parti plutôt qu’un autre, crainte d’être mal vu des siens, pour avoir choisi l’exil et souci d’être marginalisé par les autres pour avoir affirmé ses distances vis-à-vis d’eux» écrit Afifa MARZOUKI. C’est un couple qui s’installe dans la fuite et la solitude. La solidité de cette union est mise à rude épreuve quand il s’agira de choisir le prénom de leur enfant, un garçon, et le soumettre à la circoncision par la suite, ce qui cristallisera son identité future. Marie est Française, Alsacienne et chrétienne ; son mari est Juif tunisien. «Ayant voulu comprendre pourquoi le couple mixte échouait si souvent, si misérablement, ce fut l’occasion d’un autre livre. Dans le « Portrait du Colonisé », j’ai cru découvrir, outre ce que je cherchais à propos du mariage mixte et de moi-même, le drame de la colonisation, et son retentissement sur les deux partenaires de la colonie : le colonisateur et colonisé. Comment leurs vies entières, leurs figures, leurs conduites se trouvent commandées par cette relation fondamentale qui les unit l’un à l’autre, dans un duo inexorable» écrit Albert MEMMI.

Cette crise identitaire réveille les démons du racisme : «Dans l’exclusion de l’autre, c’est un peu soi-même qu’on exclut» écrit Tahar Ben JELLOUN. Albert MEMMI a bien expliqué ce déchirement devant le choc culturel : «Mes héros échouent parce qu’ils ont manqué, tous les deux, de force et de liberté ; parce que l’héroïne n’a pas été assez ouverte et généreuse, parce que le héros n’a pas été assez courageux, assez révolutionnaire» écrit-il dans la préface d’Agar. Mais Albert MEMMI a aussi saisi le concept d’altérité et ne perd pas de vue la question des racines : «C’est dans son douloureux effort d’universalisme, de connaissance du monde et des horizons autres, que l’écrivain voit le mieux l’impossibilité de rompre les amarres avec son passé, de rester indifférent à ses attaches», écrit-il. En dépit de cet échec, Albert MEMMI fonde les plus grands espoirs sur le couple «l’un des plus solides bonheurs de l’homme ; peut-être la solution véritable à la solitude».

II – Albert MEMMI et la question de l’oppression

A – L’oppression des Juifs

Suivant l’Ecclésiaste, une Bible hébraïque, Albert MEMMI a réfléchi sur le concept de l’oppression, dans ses différentes manifestations, le Noir, le Juif, le Pauvre, la Femme et le Handicapé, sont des dominés de quelqu’un. «Les pauvres sont les Nègres de l’Europe» selon Sébastien-Roch NICOLAS dit Chamfort (1741-1794). «Les femmes sont les prolétaires de l’homme» selon Karl MARX (1818-1883). «Je pense au problème africain, seul un Juif en comprendre la profondeur» dit Théodore HERZEL (1860-1904). «Il suffirait de rappeler, à n’importe qui, que l’humiliation, la souffrance et la révolte, sont le lot de la grande majorité d’entre nous. (…) Souviens-toi que tu as été esclave en Egypte» écrit Albert MEMMI, dans «Les Dominés».

Sociologue des «conditions impossibles» Albert MEMMI a longuement réfléchi sur la situation des Juifs, «figures majeures de l’oppression contemporaine». Le mythe veut que le Juif soit différent, et de là peut-être tout l’ostracisme dont il est l’objet. Etre Juif, c’est avoir conscience d’appartenir à une culture. «Ce qui ne me paraît pas dramatique, si je n’avais pas découvert en même temps qu’il s’agissait de la conscience d’un malheur, d’une condition d’oppression, d’une culture aliénée» écrit Albert MEMMI. Il invite les Juifs à faire valoir le bilan positif qu’ils représentent en termes d’héritage culturel, de savoir-vivre et de solidarité, et au centre de cet héritage la religion. Finalement, l’acceptation, par le Juif, de sa différence, est le chemin de leur libération.

B – L’oppression du colonisé

En 1957 Albert MEMMI publie son essai le plus connu et le plus traduit, «Portrait du colonisé», précédé de «Portrait du colonisateur». La colonisation est définie comme étant une exploitation politico-économique, «l’une des oppressions majeures de notre temps». Pour Jean-Paul SARTRE «Le racisme est inscrit dans le système : la colonie vend à bon marché des denrées alimentaires, des produits bruts, elle achète très cher des produits manufacturés à la colonie. Cet étrange commerce n’est profitable aux deux parties que si l’indigène travaille pour rien, ou presque». Albert MEMMI explique qu’il a écrit ce livre «pour me comprendre moi-même et identifier ma place au milieu des autres hommes». L’humiliation quotidienne du colonisé et son écrasement s’explique aussi par le fait que le colonisateur pauvre se croyait supérieur au colonisé. «Je suis inconditionnellement contre toutes les oppressions, je vois dans l’oppression le fléau majeur de la condition humaine, qui détourne et vicie les meilleures forces de l’homme ; opprimés et oppresseurs (…). Si la colonisation détruit le colonisé, elle pourrit le colonisateur» écrit Albert MEMMI. «Le colonialisme refuse les droits de l’homme à des hommes qu’il a soumis par la violence, qu’il maintient dans la force et l’ignorance, donc, comme dirait Marx, en état de sous-humanité» écrit SARTRE.

Le colonisateur a développé le «complexe de Néron» ; s’accepter comme colonisateur, ce serait s’accepter comme privilégié non légitime, c’est-à-dire comme usurpateur. Ainsi, l’usurpateur tendrait à faire disparaître l’usurpé, dont la seule existence le pose en usurpateur, dont l’oppression de plus en plus lourde le rend lui-même de plus en plus oppresseur. Néron, figure exemplaire de l’usurpateur, est ainsi amené à persécuter rageusement Britannicus, à le poursuivre. Mais plus il lui fera de mal, plus il coïncidera avec ce rôle atroce qu’il s’est choisi.

Le livre explicite la relation d’interdépendance existant entre colonisateur et colonisé et apparaît à l’époque comme un soutien aux mouvements indépendantistes. C’est un inventaire de la condition du colonisé, d’une «objectivité calme, c’est de la souffrance et de la colère dépassée», écrit dans la préface, Jean-Paul SARTRE. Albert MEMMI a tenté de comprendre ce qu’est le colonisé. «Né à Tunis dans un environnement dont il sera toujours difficile d’affirmer qu’il (MEMMI) était colonisateur ou colonisé» souligne Jacques DERRIDA. Dans son ouvrage «Portrait du colonisé», MEMMI observe que «la relation coloniale transforme le colonial en colonisateur ou colonialiste et fait souhaiter l’assimilation au colonisé, puis le pousse à la révolte». Ecrit en pleine guerre d’Algérie, Albert MEMMI concluait qu’il n’y avait pas d’issue à la colonisation, sinon son éclatement et l’indépendance des colonisés. «C’est le colonialisme qui crée le patriotisme des colonisés. Maintenus par un système oppressif au niveau de la bête, on ne leur donne aucun droit, pas même celui de vivre, et leur condition empire chaque jour : quand un peuple n’a d’autre ressource que de choisir son genre de mort, quand il n’a reçu de ses oppresseurs qu’un seul cadeau, le désespoir, qu’est-ce qui lui reste à perdre ? C’est son malheur qui deviendra son courage ; cet éternel refus que la colonisation lui oppose, il en fera le refus absolu de la colonisation» écrit SARTRE. La partie conservatrice de la société française avait vu de cette conclusion lucide, comme une lubie d’un philosophe idéaliste. Pourtant, ce qu’avait prédit et décrit Albert MEMMI se réalisa. «Le livre d’Albert MEMMI constituera un document auquel les historiens de la colonisation auront à se référer» dit le président Léopold Sédar SENGHOR. «Celui qui souffre, s’il prend conscience de soi, peut éclairer les autres en parlant de soi» écrit Jean-Paul SARTRE dans la préface.

C – L’oppression des Noirs

Albert MEMMI s’est intéressé à la question des Noirs victimes du racisme aux Etats-Unis et il a préfacé l’ouvrage «Nous, les Nègres». «La violence de l’opprimé n’est que le reflet de celle de l’oppresseur. […] Il n’existe pas plusieurs visages d’opprimés. King, Baldwin et Malcolm X jalonnent le même et implacable itinéraire de la révolte, dont il est rare que le ressort, une fois lâché, ne se détendra pas jusqu’au bout», écrivait Albert MEMMI dans la préface. «Il n’y a pas de bonne violence, la nôtre, et une mauvaise, celle des autres», précise Albert MEMMI. Le racisme est défini par Albert MEMMI comme étant «la valorisation, généralisée et définitive, de différences, réelles ou imaginaires, au profit de l’accusateur et au détriment de sa victime, afin de justifier ses privilèges ou son agression».

Albert MEMMI décrit et se révolte contre un monde confronté aux inégalités fondamentales, et qui tournent autour des concepts de «racisme», de «colonisé» et de «dépendance». Comme l’a souligné Albert CAMUS : «Quelles que soient nos infirmités personnelles, la noblesse de notre métier s’enracinera dans deux engagements difficiles à maintenir : le refus de mentir sur ce que l’on sait et la résistance à l’oppression». Le racisme consiste en la totalisation des différences dévalorisantes pour la victime et valorisantes pour l’accusateur, et cette totalisation est profitable. La colonisation est une entreprise socio-économique qui fait appel, pour se justifier, pour se légitimer, à une construction raciste.

La colonisation n’est pas le produit du racisme, mais le racisme est l’alibi idéologique de toute colonisation. La colonisation traverse plusieurs phases. Tout d’abord, celle de l’acceptation ou de la conciliation (Cas de Martin Luther KING), mais cela s’accompagne de la dévalorisation de soi. Puis, suit la phase de révolte, le dominé attaque son agresseur (Malcom X, Mandela) et enfin la phase de reconnaissance, de dépendance.

Dans «La prochaine fois, le feu», en lisant la préface d’Albert MEMMI, une sourde frayeur s’empare de vous. «Tous les opprimés se ressemblaient. (…). Tous, ils subissent un joug qui laisse des traces analogues dans leur âme et imprime un gauchissement similaire dans leurs conduites» souligne MEMMI. «La prochaine fois, le feu» est la mise en scène de la dénonciation de la ségrégation raciale et la prétendue supériorité des Blancs qui serait conforme à la volonté divine, en raison de la malédiction de Cham. «Le monde est blanc et ils sont noirs» dit-il. Tout ce qui fait que «bien avant que l’enfant noir ne le perçoive et plus longtemps encore avant qu’il ne la comprenne, il a commencé à en subir les effets, à être conditionné par elle», à se mépriser. «Chaque homme porte en lui la forme entière de l’humaine condition» dit Michel MONTAIGNE. Mais, pour ce qui est de l’homme noir, BALDWIN démonte qu’il porte en plus de cela la condition que l’homme blanc lui a assignée dans la société des hommes. Partout, en effet, les Noirs ne comprennent pas pourquoi les Blancs les traitent comme ils le font. Cette persécution, incompréhensible, qui confine le Noir dans son ghetto, rend la communication difficile ou impossible avec les autres, en raison d’une absence de mixité. «Je savais comment lutte en moi, la tendresse et l’ambition, la douleur et la colère et l’horrible écartèlement que je subis entre ces extrêmes» écrit James BALDWIN. La peinture qu’il fait alors des Noirs opprimés donne la sensation d’entendre gronder une sourde colère. «C’est une terrible découverte de l’opprimé lorsqu’il comprend qu’il n’a plus rien à perdre» dit Albert MEMMI. En effet, James BALDWIN a posé correctement le problème : l’Amérique doit accepter de devenir une nation multiraciale ou c’est la confrontation, c’est la guerre. En effet, BALDWIN nous rappelle cette prophétie de la Bible : « Et Dieu dit à Noé, vois l’arc en ciel bleu. L’eau ne tombera plus. Il me reste le feu ».

Conclusion

Suivant le journal «Le Monde», Albert MEMMI est un «Marabout sans tribu». Il a vécu sa particularité en la dépassant vers l’universel «non pas vers l’Homme qui n’existe pas encore, mais vers une Raison rigoureuse, qui s’impose à tous» écrit Jean-Paul SARTRE. «Je meurs pour m’être retourné sur moi-même. Il est interdit de se voir et j’ai fini de me connaître. Comme la femme de Loth, que Dieu changea en statut de sel, puis-je encore vivre au-delà de mon regard ?» écrit Albert MEMMI dans «la statue de sel». «Je n’ai jamais fait jusqu’ici que le bilan de ma vie. Or, depuis le bonheur irréel des premières années, les jeux dans l’Impasse Tarfoune, à Tunis, long conduit désert qui tournait deux fois sur lui-même pour aboutir dans un trou de silence et d’ombre, jusqu’à la vie abstraite des grandes capitales, en passant par la guerre, les camps, et la décolonisation, le chemin est trop long, trop chaotique : le héros ne se reconnaît plus. Je passe mon temps à essayer de combler le fossé, ces ruptures multiples, de signer au moins l’armistice avec moi-même, en attendant une impossible paix» écrit Albert MEMMI.
Dans la recherche obstinée du bonheur, Albert MEMMI a une réponse imparable : «Vous voulez qu’on vous aime ? Il existe une recette magique : commencez par aimer. Ne demandez pas, donnez ; il vous sera suffisamment rendu. Si on ne vous offre rien, il vous reste le plaisir du don. Quelle qu’en soit la manière, il est exquis d’aimer. Aimer les gens, c’est de les prendre tels qu’ils sont, non selon notre attente ou notre philosophie» écrit Albert MEMMI dans «Le Bonheur».

Bibliographie sélective

1 – Contributions d’Albert MEMMI

MEMMI (Albert), «Albert Memmi : autoportrait», Souffles, 1967, n°6, 2ème trimestre, pages 8-9 ;

MEMMI (Albert), «Emergence d’une littérature maghrébine d’expression française», entretien avec Mireille Calle-Gruber, Etudes Littéraires, Automne 2001, vol. 33, n°3, pages 13-20 ;

MEMMI (Albert), «Etes-vous professeur ou écrivain ou les deux ?», L’Education nationale, 16 avril 1959, pages 13-15 ;

MEMMI (Albert), «La situation de l’écrivain colonisé», Esprit, 25 janvier 1957, pages 805-807 ;

MEMMI (Albert), «La tolérance est devant nous», Entre Orient et Occident. Juifs et Musulmans en Tunisie, Paris, éditions de l’Eclat, 2007, 384 pages, spéc pages 371-374 ;

MEMMI (Albert), «Sociologie des rapports entre colonisateurs et colonisés», Cahiers internationaux de sociologie, juillet-décembre 1957, vol 23, pages 85-96 ;

MEMMI (Albert), Agar, Paris, Buchet-Chastel, Corrêa, 1955, 251 pages ;

MEMMI (Albert), Bonheurs : 52 semaines, Paris, Arléa, 1997, 187 pages ;

MEMMI (Albert), Ce que je crois, dominant et dominé, Paris, Grasset, 1985, 223 pages ;

MEMMI (Albert), CHAVARDES (Maurice), KASBI (François), Le Juif et l’autre, lieu de publication inconnu, C. de Barthillat, 1995, 222 pages ;

MEMMI (Albert), Entretiens avec Robert Davies, suivi de l’itinéraire : de l’expérience vécue à la théorie de la domination, Québec, Outremont, éditions l’Etincelle, 1975, 52 pages ;

MEMMI (Albert), L’écriture colorée, ou, je vous aime en rouge :essai sur une dimension nouvelle de l’écriture, la couleur, Paris, Périple, Distribution Distique, 1986, 100 pages ;

MEMMI (Albert), L’homme dominé : le Noir, colonisé, le Juif, le prolétaire, la femme, le domestique, Paris, Gallimard, 1968 et 2010, 292 pages ;

MEMMI (Albert), La dépendance : esquisse du portrait du dépend, Paris, Gallimard, 181, 216 pages ;

MEMMI (Albert), La statue de sel, préface d’Albert Camus, Paris, Gallimard, 1999, 379 pages ;

MEMMI (Albert), La terre intérieure, entretiens avec Victor Malka, Paris, Gallimard, 1976, 277 pages ;

MEMMI (Albert), Le mirliton du ciel, Paris, éditions Chemins de traverse, Bouquinéo, 2011, 168 pages ;

MEMMI (Albert), Le nomade immobile, Paris, Arléa, 2003, 258 pages ;

MEMMI (Albert), Le Pharaon, Paris, Félin, 2001, 357 pages ;

MEMMI (Albert), Le racisme, description, définition, Paris, Gallimard, Collection Idées, 1982 et 1994, 248 pages ;

MEMMI (Albert), Le scorpion ou la confession imaginaire, Paris, Gallimard, 2001, 319 pages ;

MEMMI (Albert), MAUCORPS (Paul), HELD (Jean-François), Les Français et le racisme, Paris, Payot, 1965, 290 pages ;

MEMMI (Albert), Portrait d’un Juif, l’impasse, préface de Jean-Paul Sartre, Paris, Gallimard, 1957 et 1962, 309 pages ;

MEMMI (Albert), Portrait du colonisé précédé du portrait du colonisateur, Paris, Buchet-Chastel, Corréa, 1957, 199 pages ;

MEMMI (Albert), préface de, Anthologie du roman maghrébin de langue française, éditeurs scientifiques Germaine Memmi et Jean Déjeux, Paris, Nathan, 1987, 191 pages ;

MEMMI (Albert), présentation et préface, Nous, les Nègres : entretiens avec Kenneth B Clarke James Baldwin, Malcom X, Martin Luther King, traduit de l’anglais par André Chassigneux, Paris, La Découverte, 2008, 101 pages ;

MEMMI (Albert), Testament insolent, Paris, Odile Jacob, 2009, 256 pages.

2 – Critiques d’Albert MEMMI

Agence de Coopération Culturelle et Technique, Albert Memmi prophète de la décolonisation, avant-propos Edmond Jouve, Paris, SEPEG International, 1993, 211 pages ;

BALDWIN (James), La prochaine fois, le feu, préface d’Albert Memmi, traduction de Michel Sciama, Paris, Gallimard, 1963 et 1996, 144 pages ;

BAUDY (Nicolas), «La complainte d’Albert Memmi», Preuves, décembre 1962, pages 82-85 ;

BORDELEAU (Francine), «Albert Memmi, portrait d’un humaniste», Nuit Blanche, 1991 (45), pages 52-53 ;

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Paris, le 26 juillet 2017, actualisé le 24 mai 2020, par Amadou Bal BA – http://baamadou.over-blog.fr/

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