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AKINWUMI ADESINA, PRESIDENT DE LA BAD : « L’Afrique devrait être le grenier du monde »

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Le président de la Banque africaine de développement (BAD) a lancé un appel pour le transfert de technologies aux agriculteurs africains lors de la conférence qui se tenait aux États-Unis.

Le président du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina, a lancé un appel urgent pour transférer aux agriculteurs africains les nouvelles technologies susceptibles de transformer la production agricole du continent, lors d’une adresse aux assemblées annuelles 2018 de l’Association pour l’agriculture et l’économie appliquée (AAEA), à Washington.

« Les technologies permettant de réaliser la révolution verte de l’Afrique existent, mais sont rangées au placard. Le défi réside leur vulgarisation auprès des millions d’agriculteurs », a indiqué M. Adesina, notant que dans un pays comme le Nigeria, une telle volonté politique, soutenue par des politiques scientifiques, technologiques et pragmatiques, a permis d’engranger des résultats probants.

La politique menée par le ministre de l’Agriculture au Nigeria s’est en effet soldée par une production massive de riz en trois ans. « Comme pour le riz, une myriade de technologies peuvent être déployées pour améliorer la production de maïs, de manioc, d’autres pour développer l’élevage ou nos ressources halieutiques », a ajouté M. Adesina.

Soulignant la détermination de la Banque à changer le visage de l’agriculture en Afrique pour libérer de nouvelles sources de richesse, le président a par ailleurs affirmé : « Il n’y a aucune raison que l’Afrique consacre 35 milliards de dollars par an à l’importation de produits alimentaires. Il suffit d’exploiter les technologies disponibles pour augmenter rapidement la productivité agricole et les revenus des agriculteurs, et de garantir des prix alimentaires accessibles aux consommateurs. »

La BAD est pleinement engagée dans la mise en œuvre de technologies innovantes en faveur de l’agriculture africaine. Elle travaille actuellement avec la Banque mondiale, l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA) et la Fondation Bill et Melinda Gates en vue de mobiliser 1 milliard de dollars américains pour développer les technologies agricoles sur tout le continent dans le cadre d’une nouvelle initiative appelée « Technologies pour la transformation de l’agriculture en Afrique » (TAAT).

Par des mesures audacieuses, ce programme entend éliminer certains des obstacles qui empêchent les agriculteurs d’accéder aux dernières variétés de semences et aux technologies susceptibles d’améliorer leur productivité.

Grâce à son initiative « Enable Youth », la BAD a par ailleurs consacré, ces deux dernières années, près de 300 millions de dollars américains au développement de la prochaine génération d’agro-industriels et d’agriculteurs commerçants en Afrique.

« Avec l’arrivée des drones, des tracteurs automatisés, de l’intelligence artificielle et de la robotique, l’agriculture évolue », a souligné le président Adesina. « Il est plus que probable que les futurs agriculteurs resteront assis chez eux avec des applications informatiques utilisant ces drones pour déterminer la taille de leurs fermes, surveiller et guider l’épandage des intrants agricoles ou les moissonneuses-batteuses sans conducteur. »

Il a également fait un plaidoyer en faveur d’une meilleure adaptation des programmes universitaires africains aux techniques agricoles, et de la nécessité de promouvoir l’entrepreneuriat agricole auprès des jeunes.

Le président de l’AAEA, Scott Swinton, a, quant à lui, déclaré que la stratégie de la BAD en matière d’agriculture était de nature à changer en profondeur la vie des populations. « Si l’économie appliquée fait la différence, je pense que personne ne l’a mieux appliquée que M. Akinwumi Adesina », a-t-il observé.

Akinwumi Adesina, lauréat du Prix mondial de l’alimentation 2017, plaide en faveur de la création de Zones de transformation des cultures de base (SCPZ) en Afrique : de vastes zones rurales aménagées et gérées pour les industries agroalimentaires notamment, avec les bonnes politiques et infrastructures.

« Je suis convaincu que, tout comme les parcs industriels ont aidé la Chine, les SCPZ aideront à créer de nouvelles zones économiques dans les zones rurales, qui permettront à des centaines de millions de personnes de passer d’une agriculture de subsistance à une entreprise viable et rentable », a-t-il déclaré.

La Banque africaine de développement a déjà commencé à investir dans le développement de Zones de transformation dans plusieurs pays d’Afrique, dont l’Éthiopie, le Togo, la République démocratique du Congo et le Mozambique, avec un l’objectif d’en implanter dans 15 pays d’ici quelques années.

Pour aider l’Afrique à transformer son agriculture, point clé de sa stratégie « Nourrir l’Afrique », la Banque va investir 24 milliards de dollars au cours des dix prochaines années.

 

 

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