La campagne agricole 2022-2023 s’achève avec une production cotonnière atteignant difficilement la barre de 13 000 tonnes contre 15 000 tonnes annoncées au démarrage de la commercialisation. Ce niveau de baisse de la production cotonnière n’est jamais atteint durant ces 20 dernières années. Cette production demeure la plus faible de l’histoire de la SODEFITEX compte non tenue de celle de la campagne 1998-1999 qui était marqué par une invasion de mouche blanche ayant conduit à des rendements moyens inférieurs à 250 kg/ha et une production de 11 000 tonnes sur une superficie de plus de 48 000 ha.
Les causes de cette baisse s’expliqueraient par une infestation de jassides (insectes ravageurs de cultures de coton annoncée dès le mois de Septembre par les producteurs et confirmée par la SODEFITEX suite à une visite du Ministre de l’Agriculture en zone cotonnière en octobre 2022. Face à cette situation, les producteurs de coton, avec le soutien de la SODEFITEX, avaient sollicité et obtenu de l’Etat du Sénégal, l’annulation de la dette de cette campagne.
Cette infestation est – elle la véritable cause des niveaux aussi bas de la production cotonnière à l’image du phénomène connu en 1998 avec l’infestation du coton par mouche blanche qui avait aussi conduit l’Etat du Sénégal à prendre les mêmes mesures d’annulation du crédit de campagne ?
Les rendements obtenus durant cette campagne tournent autour de 750 kg/ha largement supérieurs à ceux de 1998, pour une superficie emblavée de moins de 17 500 ha. Ce niveau de superficies ne pouvait nullement permettre d’atteindre l’objectif de 27 000 tonnes que s’était fixée la SODEFITEX pour cette année. Le niveau de production atteint est plus lié à la faiblesse des superficies emblavées qu’à l’infestation annoncée même si cette dernière a entrainé une baisse des rendements coton dans plusieurs zones de production du Sénégal et de la sous-région Ouest Africaine.
Suite à ce constat, la relance de la production de coton au Sénégal nécessite la prise en compte des facteurs entrainants la baisse de superficies cultivées d’année en année.
Hormis les facteurs climatiques impactant toutes les autres cultures, économiques liés à la hausse du prix des intrants agricoles, les producteurs rencontrés déplorent le niveau du prix d’achat du coton comparait à celui de l’arachide. Ils fustigent également le mode de gestion de leur organisation marquée par le non renouvellement de leurs instances dont les mandats ont expiré depuis 5 ans, le mode de gestion des cotisations et primes destinées aux fonctionnements des unions de producteurs. Ils menacent un boycotte de la culture du coton si aucune mesure n’est prise pour lever ces contraintes.
Certains travailleurs de la SODEFITEX rencontrés sont quant à eux très inquiets de cette situation qui menace la survie de leur Entreprise. Les usines implantées à Kolda, Vélingara, Tamba et Kédougou qui fonctionnaient en plein régime de Décembre à Avril sont aujourd’hui toutes à l’arrêt après deux mois d’activité au tiers de leur potentiel. Les emplois saisonniers sont devenus précaires avec un nombre qui a fortement baissé dans toutes les usines. Le faible niveau de la production de cette campagne menace les emplois dans le court terme si aucune mesure de redressement de la situation n’est enclenchée.
Au-delà de tous les efforts de l’Etat du Sénégal pour accompagner la filière cotonnière à travers des subventions et appuis à la prise en charge de la dette paysanne, ces travailleurs fustigent l’attitude de Geocoton qu’ils ne ressentent pas dans ces moments difficiles. Ils sollicitent de l’Etat, un diagnostic approfondi des difficultés de la filière cotonnière qui pourrait conduire à la restructuration de la SODEFITEX si nécessaire.
La prise en charge des préoccupations des producteurs et travailleurs de la SODEFITEX constitue un gage de relance de la production cotonnière par l’augmentation des superficies cultivées et l’amélioration des performances agronomiques et industrielles à travers la motivation des travailleurs.