C’est une bande composée de Saliou Ba, chauffeur, Bass Thiam, ferrailleur et Ousmane Diao, vigile, qui a comparu hier à la barre de la chambre criminelle du Tgi de Dakar. Ces jeunes répondaient des faits d’association de malfaiteurs, vol en réunion commis la nuit avec usage de véhicule et complicité de vol. Le parquet a requis 15 ans de travaux forcés contre Saliou Ba et 20 ans de travaux à l’encontre des accusés Bass Thiam et Ousmane Diao. L’affaire est mise en délibéré pour le 23 juillet prochain. Après six ans de détention, les accusés de vol de fer estimé à plus de 14 millions de francs ont atterri hier à la barre de la chambre criminelle de Dakar.
Bass Thiam, Saliou Ba et Ousmane Diao risquent des peines allant de 15 ans à 20 ans de travaux forcés pour les chefs d’accusation d’association de malfaiteurs, vol en réunion commis la nuit avec usage de véhicule et complicité de vol. Ceci, si bien sûr le juge suit le réquisitoire du procureur. Les faits pour lesquels ils sont poursuivis remontent à la nuit du 17 décembre 2013. Cette nuit-là, des personnes ont pénétré dans l’usine Delta Holding pour charger du fer d’une valeur de plus de 14 millions de francs dans un pick-up. Constant les faits le lendemain, le gérant de l’usine, Pape Top, a interrogé le vigile qui a reconnu les faits désignant les autres accusés dans une lettre d’aveu avant de prendre la fuite. La plainte déposée à la division des investigations criminelles (Dic) avait permis l’arrestation de Saliou Ba, Bass Thiam et Pierre Fall. Dans les vidéos des caméras de surveillance, Bass Thiam et Ousmane Diao, en fuite, ont été vus dans les locaux avec un pickup au moment des faits.
« Il m’a demandé de le mettre en contact avec des personnes pour commettre un vol », a déclaré le vigile Ousmane Diao qui a reconnu avoir commis ce forfait, organisé et planifié par Saliou Ba. Ce dernier déclare s’être rendu une seule fois à l’usine pour décharger de l’acide. Les prévenus ont nié les faits à la barre, mais ils ont été confondus par la géolocalisation et les appels téléphoniques. « Je ne connais pas Saliou Ba et Ousmane Diao, mais on s’est parlé au téléphone le jour des faits à plusieurs reprises pour la vente de fer sans facture », a soutenu Bass Thiam.
D’après le ministère public, il y a beaucoup de preuves qui montrent la culpabilité des accusés. C’est grâce aux aveux du vigile Ousmane Diao, en fuite, que la police a arrêté les autres accusés. La défense plaide l’acquittement des accusés et soutient que le principe du droit pénal est la certitude D’après le procureur, les réquisitions à la Sonatel ont montré qu’il y a eu échange entre les accusés à onze reprises avec le gardien de l’usine de 21 heures à 23 heures.
Il rappelle que Saliou Ba avait reconnu Bass Thiam sur la vidéo des caméras de surveillance de l’usine à l’enquête préliminaire. « Les éléments de preuves montrent que les faits sont imputables aux accusés », a estimé le maître des poursuites qui a demandé à la chambre criminelle de reconnaître la culpabilité des accusés. Pour la répression, il a requis 20 ans de travaux forcés contre Bass Thiam et le vigile Ousmane Diao en cavale. Il a aussi demandé la peine de 15 ans de travaux forcés contre Saliou Ba pour complicité de vol. Quant aux avocats de la défense, ils ont soulevé un problème d’imputabilité des faits reprochés aux accusés. Selon le conseil de Saliou Ba, son client n’a pas planifié le vol.
Ce qui lui parait impossible et invraisemblable. « S’il avait planifié le vol, il aurait dû y participer », soutient l’avocat tout en regrettant la longue détention des accusés sur la base des aveux d’un vigile en fuite qui accuse son client Saliou Ba d’être investigateur du vol. A en croire à Me Ibrahima Diao, on ne peut pas dire de façon objective qu’on a identifié Bass Thiam dans la vidéo du vol, visionnée à la barre. « En matière pénale, le principe est la certitude. Il n’y a pas d’éléments probants, les accusations reposent sur des suppositions », a plaidé la robe noire qui parle de dossier vide. Estimant qu’il faut discuter des éléments de faits et de preuves à la barre, il a, Au terme de sa plaidoirie, demandé l’acquittement à titre principal et à titre subsidiaire la relaxe au bénéfice du doute. L’affaire est mise en délibéré pour le 23 juillet prochain