10 ans de prison ferme, c’est la peine requise contre Juliette Diatta, poursuivie pour infanticide.
La société sénégalaise est intolérante à l’égard des femmes qui contractent une grossesse hors mariage. Elles sont souvent rejetées par leurs propres parents sous prétexte qu’elles ont déshonoré la famille. Ainsi, pour éviter de faire honte à la famille ou fuir le regard du voisin, nombre de femmes célibataires qui tombent enceinte, à défaut d’avorter, commettent le crime d’infanticide. La dame Juliette Diatta fait partie de cette dernière catégorie.
Etudiante en 4e année en infirmière, elle a accouché de jumeaux avant de les tuer. Elle a commis l’irréparable par peur d’être la risée de son quartier. Car elle venait juste de divorcer de son premier mariage.
Mère de trois enfants, Juliette a en effet caché sa grossesse à tout son entourage. Malgré qu’elle soit étudiante en médecine, elle n’a jamais fait de visites prénatales durant les 9 mois qu’elle a porté la grossesse.
Le jour de la délivrance arrive le 29 mars 2013. La dame s’est retranchée pour, dit-elle, faire ses toilettes afin d’aller à l’hôpital. Hélas, elle accouche sous la douche. Le premier bébé est de sexe féminin. Elle le prend dans ses bras pour le nettoyer. A l’en croire, c’est à ce moment qu’elle sent que l’autre enfant, du sexe opposé, sortait. C’est après qu’elle a su que les deux bébés ne respiraient pas. Elle les a enveloppés, les a mis dans un seau avant d’appeler son cousin, Nicolas, pour l’amener à l’hôpital. Ce, tout en lui cachant qu’elle avait accouché.
Arrivée au district sanitaire de Ouakam, elle a présenté aux sages-femmes le seau contenant les deux corps sans vie des jumeaux. Ces dernières, soupçonnant un cas d’infanticide, s’en sont ouvertes au médecin chef du district. Lequel a informé les éléments de la brigade de Ouakam qui rappliquent sur les lieux pour les besoins de l’enquête. Elle a nié les faits qui lui sont reprochés en soutenant que les bébés étaient des morts nés.
Devant le prétoire, l’accusée a réitéré ses mêmes propos en soutenant qu’elle a toujours voulu garder ses bébés. Pourquoi elle ne faisait pas ses visites prénatales ? Elle renseigne qu’elle ne voulait que ses parents soient au courant, de peur d’être rejetée du fait qu’elle venait de divorcer.
Dans son réquisitoire, le procureur a fait savoir que l’accusée est une femme d’âge mûr qui savait à quoi s’en tenir. Mieux, il indique que l’un des bébés a été cogné contre un objet dur. C’est ce qui a provoqué sa mort. Selon le maitre des poursuites, les actes antérieurs de l’accusée renseignent sur l’intention criminelle. Il a demandé qu’elle soit condamnée à 10 ans de travaux forcés.
L’avocat de la défense, quant à lui, a plaidé l’acquittement. Il a rappelé que sa cliente a toujours nié les faits retenus contre lui. Et, elle n’avait pas l’intention de donner la mort aux bébés.
« En l’absence de l’autopsie, il est difficile de se baser sur les faits pour déterminer la cause de la mort de l’enfant. La fracture aussi peut être due à la naissance », a plaidé la robe noire.
Le délibéré de cette affaire sera rendu le 17 avril prochain.