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SATURNIN KINGSON KODIO, DIVISION DE LA POPULATION : «  L’optimisme  de  capturer le Dividende démographique, est  encore  permis pour  le Sénégal »

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Un pays est dans une bonne position démographique ou un pays a un régime démographique qui lui permet de capturer le dividende, lorsque les rapports de dépendance avoisinent les 55%. Notre  pays  est  dans  cette  dynamique  et  donc  peut  garder  l’optimisme  de  capturer  le  dividende  démographique.  Du mois  selon Saturnin Kingson Kodio, chef  de  division de  la  population  à  la  direction  du  développement  et  du  capital  humain ( DDCH).  Ce,  dans  un  entretien  accordé à  Thieydakar, ‘’Vox Populi’’ et ‘’Enquête’’….

 

 un terme nouveau utilisé  depuis  un  certain temps. Est-ce que vous pouvez revenir  sur  le  sens-même  de l’expression ?

En ce qui concerne la problématique du dividende avant de venir de manière détaillée sur la définition, il faut d’abord faire référence à la transition démographique. Cette transition est un processus par lequel un pays passe à des niveaux de fécondité et de mortalité élevés vers des niveaux de fécondité et de mortalité très bas. En dehors de ces deux phases extrêmes, il en existe deux autres intermédiaires de la transition à savoir la deuxième phase. C’est la période durant laquelle la mortalité baisse et la fécondité reste à un niveau très élevé. Lorsqu’un pays se trouve à ce niveau, il y a des conséquences sur  la composition de sa population par âge. Autrement dit lorsque qu’un pays se trouve à ce niveau, non seulement son poids démographique est très élevé, mais ce pays est majoritairement composé de personnes à charge. C’est-à-dire les personnes de moins de 15 ans et celles de plus de 65 ans. En général lorsqu’un pays se trouve à ce niveau, il est confronté à la satisfaction des besoins des services sociaux de  base notamment dans l’éducation, la santé et le domaine de l’emploi et il y a la pression du poids démographique. Sur la deuxième phase de la transition démographique, on s’aperçoit que la mortalité continue sa baisse et sa fécondité commence à baisser. Quand un pays se trouve à ce niveau, son poids démographique devient faible. Cela aussi a des répercussions sur sa structure par âge. A ce niveau, le pays est majoritairement composé de personnes en âge de travail. C’est-à-dire les personnes qui créent la richesse. On a constaté que lorsqu’un pays se trouve sur cette situation, il a des possibilités pour accélérer sa croissance économique bien sûr sous contrainte de mettre en place certaines politiques spécifiques. On a un bonus démographique à la troisième phase,  maintenant, il faut le capitaliser en investissant dans les secteurs stratégiques pour aller vers le dividende démographique. Donc le dividende démographique est l’accélération de la croissance économique qui résulte un peu de la forte  proportion de la population en âge de travailler, suivi des politiques stratégiques au niveau de cette forte population en âge de travailler dans le domaine de la santé, de l’éducation, de création de l’emploi et dans l’environnement des affaires.

Le taux de chômage est très élevé au Sénégal avec le lourd fardeau de la démographie plus les personnes à charge. Est-ce l’espoir est permis ?

L’optimisme est permis dans ce contexte parce que pour aller vers la capture du dividende démographique, la première chose à faire est d’accélérer sa transition démographique, en maitrisant son rythme de croissance. Il y aura forcément des répercussions sur le rapport de  dépendance démographique. Le Sénégal est dans cette dynamique parce qu’on a constaté que depuis 2002, le rapport de dépendance est inversé. C’est-à-dire qu’il est en deçà de 100%. Ce qui veut dire que les personnes en âge de travailler, commencent à être majoritaires dans la population. Si cette dynamique se poursuit, la pression va se relâcher sur l’Etat, sur les ménages et il y aura d’autres ressources additionnelles qu’on aura à investir non seulement dans le développement du capital, aussi dans les secteurs porteurs de croissance qui permettent de lutter contre ce taux de chômage élevé. Il faut renforcer cette dynamique, même si le rapport de dépendance  démographique est en deçà de 100%, le niveau reste encore élevé. Il faut accélérer la transition démographique et l’accompagner par des politiques multisectorielles. L’Etat est dans cette dynamique de création d’emplois, mais cela reste insuffisant.

Quels est le taux de fécondité et de mortalité qui indiquent qu’un pays a capturé son dividende démographique ?

Dans les rapports de dépendance du dividende démographique, on dit qu’un pays est dans une bonne position démographique ou un pays a un régime démographique qui lui permet de capturer le dividende, lorsque les rapports de dépendance avoisinent les 55%. Donc lorsqu’on a un rapport de dépendance avoisine les 50% on peut dire que ce pays est dans les bonnes dispositions pour aller vers la capture du dividende démographique. Maintenant il faut accompagner cela par d’autres secteurs multisectoriels spécifiques. S’agissant de la natalité, c’est quand  le taux est en deçà de 15 pour mille. Si on prend l’indice synthétique de fécondité,  c’est quand il est entre 2 et 3 enfants par femmes, on dit que le pays est en bonne position démographique pour aller vers la capture du dividende. Or, au-delà de ces phénomènes qui touchent la natalité, il y a un comportement qu’on doit avoir et qui est relatif à la mortalité. Le taux de mortalité doit être aussi à un niveau très bas, en deçà de 10 pour mille.

Aujourd’hui qu’elle est la situation du Sénégal ?

Le Sénégal a un rapport de dépendances démographique égal à 84%. En Ce qui concerne la natalité, le taux est de 34 pour mille. L’indice synthétique de fécondité est de 4, 7 enfants par femmes, le taux de mortalité est de 7 pour mille mais le coefficient de mortalité infanto juvénile (enfants de moins de 5 ans) est de 51 pour mille. C’est la situation du Sénégal en termes d’indicateurs qui nous permet d’appréhender si le pays est dans une bonne position de capture du dividende démographique.

Est-ce le cas ?

Oui le pays est dans cette dynamique. La fenêtre d’opportunité est déjà ouverte, entre temps on a con staté que la prévalence contraceptive moderne a augmenté. Nous savons tous que la prévalence contraceptive moderne est l’un des piliers sur lesquels il faut s’appuyer pour aller vers la maitrise de la croissance démographique. Ce qu’il faut est de ne pas dormir sur nos lauriers et de renforcer d’avantage les efforts afin que l’utilisation soit plus élevée. Parce qu’à côté de l’utilisation, on a constaté que les besoins non satisfaits des femmes en matière de planification familiale sont à 24%. C’est-à-dire qu’il y a des femmes qui veulent utiliser la planification mais n’y a ont pas accès. Donc si on parvient à enrôler ces femmes en plus  de l’utilisation actuelle, on pourra se retrouver à un taux de prévalence de 50%. Celui-ci est un bon taux pour accélérer la transition démographique. Il faut accélérer cette cadence afin d’augmenter l’utilisation de la planification, de diminuer le taux de mortalité pour avoir un régime démographique favorable pour la capture du dividende.

Existe-t-il une possibilité que notre pays rate le coche ?

Il y a cette possibilité là pour tous les pays, c’est-à-dire comme je l’ai dit tantôt, le dividende démographique s’appuie sur la tension démographique qui s’effectue durant la période à laquelle la population en âge de procréer est beaucoup plus prépondérante. Donc cela survient une seule fois dans l’histoire de l’humanité, c’est-à-dire  au cours de cette période si on ne met pas en place les politiques qu’il faut donc on risque de rater le coach et de ne pas engranger le dividende démographique dans ce cas-là  ce serait malheureux. Parce que Sénégal n’est dans pas dans cette dynamique là au contraire, il est dans une bonne dynamique pour aller vers la capture du dividende démographique parce qu’en plus que le rapport démographique est en deca de 100% et le Sénégal est en train de mettre en place des politiques dans les domaines multisectoriels. Dans le domaine de la santé en ce qui concerne la Planification Familiale, on est actuellement au niveau du deuxième niveau de programme de planification, le premier plan s’est déroulé entre la période 2011-2015 et c’est ce premier plan-là qui nous a permis d’avoir des efforts considérables durables et le deuxième plan est en train d’être mis en œuvre. Que ce soit dans le domaine de l’emploi, des efforts sont en train d’être faits ainsi que dans le domaine de la formation professionnelle à travers l’installation des Instituts d’enseignement professionnels (Isep), il faut renforcer cela pour aller vers ma capture du dividende démographique.  Dans la deuxième phase du Pse, la place qu’occupe le dividende démographique est très importante donc tout cela réuni, le Sénégal peut espérer sous peu aller capturer le dividende démographique s’il maintient cette cadence-là.

Quel plaidoyer doit-on mener pour réussir le pari de capturer le dividende démographique ?

Il faut faire renforcer d’abord la sensibilisation au niveau de la population parce que si la population n’adhérent pas à ce projet cela ne pourra pas marcher il faut qu’elle adhère. Et dans ce sens, les journalistes ainsi que les autres raisons ont un grand rôle à jouer il faut aussi que les moyens suivent et que les moyens soient conséquents, il faut que les décideurs soutiennent le projet de la capture du dividende démographique. Et  le Sénégal est dans cette voie parce que lorsque l’étude a été présentée, on a reçu les félicitations du président de la République et il nous a exhortés à travailler avec tous les secteurs pour qu’on puisse intégrer le domaine de la démographie dans les programmes et projets de développement cela veut dire qu’il bien informer de la volonté de la capture du dividende démographique. Je pense qu’il faut renforcer cela avec les différents ministériels sectoriels.

Est-ce qu’il existe au niveau de la sous-région des pays qui ont réussi à capturer le dividende démographique ?

En ce qui concerne l’Afrique il y a des pays qui sont en avance le Cap Vert est dans cette voie-là de capture du dividende démographique il y a aussi dans les pays maghrébins, la Tunisie qui a raté le coach, elle a réussi à avoir une forte population en âge de travailler mais elle n’a pas pu donner du travail à cette population-là. Je pense que pour l’Afrique c’est un peu tôt pour parler de capture du dividende démographique parce que la transition démographique est précoce, elle vient d’être entamée si on arrive peut être à la tension démographique, à la deuxième phase, on pourra voir comment capturer la capture du dividende démographique. Mais ce qu’on peut dire, il y a des pays qui sont dans cette bonne dynamique.

2063, le nouvel agenda mondial…  est  ce  qu’il  y a faisabilité ?

On n’a pas une seule réponse pour les pays au niveau de tension démographique parce qu’elle va être différent d’un pays à un autre. Pour certains ce sera pour 2053 d’autres pour 2063 selon le rythme de la tension démographique. Mais pour le Sénégal d’après les études qu’on fait c’est à partir de 2035 que le Sénégal saura comment capturer ce dividende démographique et cela va s’accentuer jusqu’à 2050.

Les  pays   signataires  respect-ils les engagements ?

En ce qui concerne l’agenda de l’Union africaine (UA), le Sénégal est en avance par rapport à la feuille de route qui a été élaborée en 2016 si mes souvenirs sont bons. Et l’UA avait suggéré aux pays de présenter cela au niveau national allant dans le sens de la capture du dividende démographique. Alors que le Sénégal a élaboré son rapport national pour la capture du dividende démographique en 2015 déjà. Donc le Sénégal est en phase avec l’UA et les différents piliers élaborés dans cette feuille de route sont en phase avec les piliers choisis au niveau national qui sont rien d’autre que l’éducation, le développement des compétences, la santé, la bonne gouvernance.

Est-il possible pour le Sénégal de réaliser la capture du dividende démographique si  l’on tient  comptent   des nombreux défis ?

Lorsqu’on est dans une situation où le poids démographique est très élevé, les besoins traditionnels en termes de services sociaux de base sont énormes. On se trouve dans cette situation, malgré tous les efforts que l’Etat fait actuellement, on constate qu’il y a des gaps en termes de services sociaux de base au niveau de l’éducation il y a les abris provisoires, pour la santé les structures sanitaires font défaut. Tout cela est dû au poids démographique. C’est sûr que si on arrive à accélérer la transition démographique, la pression va se relâcher l’Etat du Sénégal aura réussi à régler la question des services sociaux de base.

Il est dit que notre pays encourt des risques de ne pas pouvoir supporter le coût de  cette transition démographique ?

C’est dans le Pse, quand on faisait le Pse, il y avait ce diagnostic vu que c’est des projets qu’on doit mettre en œuvre pour tirer la sonnette d’alarme en ce qui concerne la problématique du dividende démographique, nous avons souligné que les projets à mettre en œuvre, si on ne fait pas attention, ces projets ne pourront pas supporter la qualité du capital humain en raison du fardeau des enfants à charge. Le Pse est bien conscient que pour atteindre les objectifs fixés à travers ce plan forcément il va falloir maitriser le rythme de la croissance démographique sinon cela risque d’aliéner tous les efforts consentis dans le Pse pour accélérer la croissance économique. C’est pourquoi au-delà des projets le Pse avait suggéré aux ministériels sectoriels de réfléchir sur des stratégies pour lui permettre de maitriser la croissance démographique pour faciliter l’accès de la croissance démographique.

Par  Yandé  Diop

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