C’est la deuxième grande réforme qui va être effective à compter du 1er janvier 2020 : le ministre chargé des finances, jusque-là ordonnateur unique du budget de l’Etat du Sénégal en recettes et en dépenses, va perdre ce monopole. Chaque ministre sectoriel ou président d’institution va devenir l’ordonnateur principal des crédits de son département ou de sa structure. Le ministre chargés des finances va demeurer l’ordonnateur des dépenses de son propre département département, des charges communes et des charges financières de la dette publique ainsi que celui des recettes budgétaires, des opérations de trésoreries et des comptes spéciaux du Trésor.
Cette redistribution des cartes est appelée « déconcentration de l’ordonnancement ». Au-delà de la terminologie, faire des ministres et présidents d’institutions des ordonnateurs autonomes entraine un certain nombre de changements très concrets dans la gestion des finances publiques. jusqu’ici l’initiative de la dépense budgétaire est laissée aux ministres sectoriels en leur qualité d’administrateurs de crédits. Mais en réalité, la phase administrative de la dépense demeurait de la responsabilité de l’ordonnateur, l’administrateurs de crédits ne faisant que des propositions, lesquelles ne produisant d’effet juridique qu’après validation par l’ordonnateur. La déconcentration ou transfert de l’ordonnancement, en clarifiant l’imputabilité de la dépense publique, est donc la conséquence logique de la budgétisation par programmes. Ces deux réformes sont les deux branches d’une même paire de ciseaux, le binôme paradigmatique visant à insuffler un nouveau souffle, une nouvelle méthode ainsi qu’une nouvelle philosophie dans la gestion des finances publiques.