Après quatre mois d’attente et de tractations,le nouveau président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a nommé un Premier ministre au profil très singulier: il a été proposé par son prédécesseur, Joseph Kabila, pour former un gouvernement de coalition.
Ce même lundi, un poids lourd de l’opposition, Moïse Katumbi, s’est rappelé au bon souvenir de l’alliance Tshisekedi/Kabila, avec un retour d’exil triomphal devant des dizaines de milliers de partisans dans son fief de Lubumbashi (sud-est).
Le nouveau Premier ministre est un économiste septuagénaire mi-technocrate, mi-politique, Sylvestre Ilunga Ilunkamba. Il a été nommé en vertu de « l’accord politique » entre les coalitions de MM. Tshisekedi et Kabila, a déclaré le porte-parole du chef de l’Etat.
Un accord politique, qui donne toute sa saveur à l' »alternance » en RDC saluée ce même lundi à Kinshasa par le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.
Devant la presse, le nouveau Premier ministre a remercié le chef de l’Etat et son prédécesseur Joseph Kabila, « qui m’a proposé comme candidat Premier ministre en m’assurant de sa confiance ».
M. Ilunga Ilunkamba était en retrait de la vie politique à la tête de la Société nationale des chemins de fer congolais (SNCC). Une des innombrables entreprise publique dont les salariés ont fait grève pour réclamer le paiement d’arriérés de salaires (jusqu’à 227 avait avancé un média en ligne congolais).
Ce docteur en sciences économiques aurait 72 ans, d’après un CV qui circule sur les réseaux sociaux, alors que son entourage avait avancé un âge plus élevé.
Il a été quatre fois vice-ministre et deux fois ministre au Plan et aux Finances, selon la présidence, qui a dû rafraîchir la mémoire des Congolais: M. Ilunga Ilunkamba aurait été au gouvernement pour la dernière fois en 1991, à l’époque de l’ex-dictateur Mobutu Sese Seko (1965-1997), d’après son CV.
Ce vieux routier doit faire le trait d’union entre le président Tshisekedi, qui dispose des importantes prérogatives que prévoit la Constitution, et M. Kabila, qui conserve tous les autres leviers du pouvoir, à commencer par une large majorité au Parlement.
Il doit maintenant former un gouvernement où les partisans de M. Kabila devraient être majoritaires, puis solliciter la confiance de l’Assemblée nationale.
Le principal opposant à l’attelage Tshisekedi/Kabila s’appellera-t-il Moïse Katumbi? L’ex-gouverneur du Katanga est rentré au pays, trois ans jour pour jour après son départ en pleine tourmente judiciaire sous la pression de l’ancien régime Kabila.