Ils sont 301 candidats sur la ligne de départ. Le prestigieux prix Nobel de la paix sera décerné ce vendredi 11 octobre, à Oslo (Norvège). Même si la liste des nommés est secrète, plusieurs favoris se dégagent pour succéder au médecin congolais Denis Mukwege et à la Yazidie Nadia Murad, ex-esclave de Daesh, distingués l’an dernier.
GRETA THUNBERG
Elle est la grande favorite. On se présente plus Greta Thunberg, jeune égérie suédoise (16 ans) du combat climatique et initiatrice d’un mouvement international de grève scolaire pour la planète, appelé «Fridays for future» («Les vendredis pour l’avenir»). Elle a notamment fait descendre dans la rue 4 millions de jeunes aux quatre coins du monde le 20 septembre dernier – selon ses chiffres -, à l’occasion d’une manifestation mondiale.
Plusieurs signes laissent à penser que l’adolescente, qui participe dorénavant à la plupart des grands sommets mondiaux (COP24, Sommet de l’ONU sur le climat…), a de grandes chances de remporter le Nobel de la paix cette année. Premièrement, elle est la favorite des bookmakers (même si ce n’est pas une garantie de victoire). De plus, elle a reçu fin septembre le prix Right Livelihood, considéré comme un «Nobel alternatif» et décerné par une fondation privée suédoise. Une distinction à laquelle il faut ajouter le prix d’ «ambassadeur de la conscience» de l’ONG Amnesty International, reçu mi-septembre.
Si elle remportait le prix Nobel, Greta Thunberg, atteinte du syndrome d’Asperger, deviendrait la plus jeune lauréate de l’histoire, devant la militante des droits des femmes pakistanaise Malala Yousafzai, qui l’avait obtenu en 2014 à l’âge de 17 ans. Un jeune âge qui pourrait être un obstacle selon le directeur de l’Institut de recherche sur la paix d’Oslo (Prio), Henrik Urdal, qui juge «extrêmement improbable» que l’adolescente obtienne le prix, faisant également valoir que le lien entre réchauffement et conflit armé reste à prouver.
ABIY AHMED
Un nom moins connu que celui de Greta Thunberg, mais lui aussi a toutes ses chances. Abiy Ahmed, Premier ministre de l’Ethiopie depuis avril 2018, a été à l’origine en juillet 2018 de la réconciliation de son pays avec l’Erythrée voisine. Un rapprochement qui s’est traduit par la signature historique le 9 juillet 2018, avec le président érythréen Isaias Afwerki, d’une «déclaration conjointe de paix et d’amitié», mettant fin à vingt ans de déchirements entre les deux Etats. De 1998 à 2000, l’Ethiopie et l’Erythrée s’étaient livrées à une guerre sanglante, en raison notamment d’un désaccord sur leur frontière commune, qui avait fait quelque 80.000 morts.
Pacificateur, Abiy Ahmed ne s’est pas arrêté en si bon chemin, et a par la suite signé plusieurs accords de paix avec des groupes régionaux rebelles, actifs en Ethiopie. D’abord avec les combattants du Front de libération Oromo (FLO), principal groupe ethnique du pays, en août 2018, puis avec le Front national de libération de l’Ogaden (FNLO) en janvier 2019. Le Premier ministre réformateur a également permis la libération de plusieurs centaines de prisonniers politiques. De quoi lui faire gagner en mai dernier un prix de l’Unesco «pour la recherche de la Paix». Malgré tout, les tensions interethniques demeurent fortes, comme le prouvent notamment les assassinats en juin dernier du chef d’état-major de l’armée et du président d’un Etat régional, vus comme une «tentative de coup d’Etat» par le pouvoir.
LE PAPE FRANÇOIS ET LE HAUT COMMISSARIAT DES NATIONS UNIES POUR LES RÉFUGIÉS (HCR)
(©Tiziana FABI / AFP)
Comme l’an passé, le Comité Nobel norvégien, qui décerne le prix, pourrait décider de récompenser deux personnes ou entités qui se battent pour la même cause. En 2018, il avait choisi Denis Mukwege et Nadia Murad pour leur combat contre les violences (notamment sexuelles) infligées aux femmes de par le monde. En 2019, certains imaginent que le pape François et le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) puissent être conjointement distingués pour leurs efforts en faveur de l’accueil des migrants.
Depuis le début de son pontificat en mars 2013, le souverain pontife argentin se pose en grand défenseur des réfugiés. Quelques mois après son élection, il s’était rendu sur l’île italienne de Lampedusa, qui constitue l’une des principales portes d’entrée des migrants en Europe. En avril 2016, il était rentré d’une visite sur l’île grecque de Lesbos avec trois familles de réfugiés syriens musulmans à bord de son avion. En plus de ces gestes forts, le pape n’hésite pas à tancer les dirigeants internationaux pour leur inaction en faveur des migrants. Fin juillet, il a par exemple appelé la communauté internationale à agir «avec promptitude et décision» pour éviter de nouveaux naufrages de navires de migrants. Fin septembre, il a exhorté à «accorder une attention particulière à l’étranger» et à tous ceux qui sont rejetés, à l’occasion de la Journée mondiale du migrant et du réfugié, lors de laquelle il a inauguré une sculpture rendant hommage aux migrants sur la place Saint-Pierre au Vatican.