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Note de Lecture: « Le sport contre la radicalisation » de Frédéric Mercadal

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« Quand on a le respect des jeunes, on peut alors avoir une influence positive sur eux et donner un sens à leur vie », c’est du moins l’avis de Frédéric Mercadal, auteur du livre « Le sport contre la radicalisation » qui, en tant entraîneur de foot, se dit convaincu que « le sport est un outil de lutte contre la radicalisation ».

Le livre publié aux Editions La Boîte à Pandore, trace le portrait de jeunes qui ont réussi leur vie en étant nés aux Izards, mais aussi d’autres qui n’ont pas eu cette chance, met en avant le travail que l’auteur a pu réaliser, en tant qu’entraineur de foot, dans ce coin de Toulouse

Voici un extrait de son livre…

« De par mon expérience personnelle d’éducateur sportif au sein du quartier des Izards, j’ai côtoyé beaucoup de « gamins » de ce quartier fiers d’être français. Certains ont marqué les faits divers de l’actualité, comme Mohammed Merah (il a été licencié au club de foot des Izards en débutant poussin à l’âge de 10 ans) et même ont marqué l’histoire de notre pays. D’autres, plus anonymes ont su faire de leur naissance dans ce quartier un atout pour réussir dans leur vie, en devenant policier, directeur d’école ou footballeur professionnel.

J’ai pu voir évoluer des jeunes dans les vestiaires de mon club. J’ai pu les voir devenir des hommes indépendants, grandir, s’affirmer, prendre de la confiance au travers des valeurs de ce sport. Mais j’en ai vu d’autres qui ont commencé à avoir des attitudes « étranges », à ne plus vouloir se doucher avec les autres, à se couvrir les jambes, même en plein été, à vouloir donner des leçons de comportement à leur collègue de jeu, à s’isoler.

C’est là que nous pouvons intervenir. C’est là que nous pouvons être des lanceurs d’alerte auprès de ceux qui entourent ces jeunes, ou auprès des autorités. Mais encore faut-il que nous soyons écoutés pour cela. Combien de fois, quand j’ai voulu solliciter les autorités administratives de ma ville on m’a rétorqué « … vous n’êtes qu’un entraîneur de foot, occupez-vous de vos ballons et laissez nous gérer le reste… »

Et qui est venu nous aider quand, de ma propre initiative j’ai décidé d’accéder à la demande d’un de mes joueurs de l’école de football qui voulait aller visiter le musée juif de Bruxelles quelques mois après l’horrible attentat de Mehdi Nemmouche dans ce lieu?

On m’a alors pris pour un fou, pour un excentrique, et j’ai dû batailler avec l’aide de quelques amis pour monter ce projet. Et pourtant, je sentais qu’il fallait répondre à cette attente, je devinais qu’à travers cette visite, je pourrais montrer à ces petits qu’il ne fallait pas céder aux sirènes de propos parfois extrêmes sous couvert de croyances diverses.

Nous sommes partis à trente, nous avons été reçus au Parlement européen, nous avons visité ce musée sous escorte policière belge, et un de ces enfants m’a dit au sortir de cette visite: « Mais Poch, les juifs, ce sont nos frères alors? … » J’ai su alors que j’avais touché le cœur de ce petit et que ce voyage n’avait pas été inutile.

Même au quotidien, j’ai toujours ressenti ce même plaisir quand j’offrais un fast food à un gamin qui avait réussi un bon match ou quand je pouvais emmener mon équipe à une fête foraine pour les remercier d’avoir bien joué. Nous étions souvent au karting pour fêter nos beaux matchs, et nous sommes même allés une fois à la mer suite à un tournoi réussit. J’étais heureux et eux aussi, de les voir brandir avec plaisir et fierté des trophées gagnés lors de tournois de jeunes.

Le fait de pouvoir toucher le cœur de ces enfants, de pouvoir leur faire passer une enfance un peu plus belle m’a permis de leur offrir d’autres repères et d’être considéré par eux comme un grand frère, mais surtout d’être respecté par eux. Et quand on a le respect, on peut alors avoir une influence positive sur ces jeunes et leur donner un sens à la vie.

Le vestiaire, qu’il soit de football ou d’autres sports, est un lieu de convivialité, d’échanges, ou les sportifs se parlent, se confient. La spontanéité de ce lieu est sans doute lié au fait même qu’il soit un lieu intime, un lieu de partage, de connivence où naissent parfois de réelles complicités.

Cette intimité-là, les éducateurs sociaux ont parfois du mal à l’approcher, et les jeunes ont parfois du mal à s’ouvrir à eux sur leurs pensées les plus profondes.

Sans avoir la prétention de pouvoir tout deviner, ou tout prévoir, l’entraîneur est au cœur de son équipe dans ces moments. Je sais quand un de mes joueurs a fait la fête le soir, je sais quand il a un souci d’ordre amoureux, je devine quand il a des problèmes familiaux et j’arrive à entrevoir quand son esprit est troublé par des remises en question de qui il est, de ses croyances, de sa façon d’être.

Malgré toute mon énergie et tout le cœur que j’ai mis à cela, sans soutien institutionnel, sans une aide franche, sans une prise en considération des alertes que l’on lance, nous restons, nous les éducateurs sportifs, impuissants. »

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