Le 8 juin 2018, le chef de l’Etat faisait adopter, en Conseil des ministres, le projet de loi portant réforme du statut des “daara’’. Son Premier ministre promettait de saisir l’Assemblée nationale pour que ledit projet de loi soit voté en urgence. Depuis, rien n’est fait. Les députés attendent d’être saisis, alors que la modernisation des “daara’’ est devenue une demande sociale. D’où l’interpellation d’Idrissa Ndiaye. “Nous demandons aux décideurs de veiller à une meilleure prise en compte de nos préoccupations, surtout celle-là qui consiste à éradiquer la mendicité. Ils doivent aussi respecter nos droits, en nous mettant dans des conditions idoines d’étude, comme nos camarades qui fréquentent l’école française. Et pour cela, il faut le vote de la loi’’.
Le môme s’exprimait, samedi dernier, à l’occasion de la Journée nationale de l’enfant talibé organisée au “daara’’ Bilal Ibn Rabah par l’Ong Ndeyi-Jirim, en partenariat avec l’organisation non gouvernementale Terre des hommes-Suisse. Interpellée sur l’organisation de cette journée dans un “daara’’, Aïssatou Diakhaté Diouf, gestionnaire du Projet d’appui à la promotion des droits des enfants en situation de vulnérabilité dans la région de Diourbel, confie : “On l’a fait dans un ‘daara’, parce que nous avons voulu une démarche participative. Ce sont les talibés qui ont organisé et animé la journée. Les enfants ont montré le link qu’il y a entre modernisation et droits des talibés.
C’était aussi un moment de plaidoyer pour le vote de la loi portant modernisation des ‘daara’.’’ Même son de cloche chez Khadim Dieng, Coordonnateur de l’Ong Terre des hommes Suisse-Sénégal, qui demande le vote du projet de loi portant réforme du statut des “daara’’. Ce vote, dit-il, “permettra d’assainir le milieu pour pouvoir identifier les ‘daara’ et voir ceux qui profitent des enfants’’. Après s’être réjoui du thème de cette année, “Modernisation des ‘daara’ et droits des talibés’’ qui traduit, selon lui, “le souci de l’Etat d’arriver à une meilleure organisation et une meilleure structuration des ‘daara’’’, Khadim Dieng a informé de la campagne de plaidoyer que son organisation va mener en vue de l’adoption du Code de l’enfant avant “le 20 novembre prochain. Une date qui marque les 30 ans de la Convention des droits de l’enfant’’.
Ce sera en partenariat avec d’autres organisations. Pour rappel, l’objet du projet de loi portant réforme du statut des écoles coraniques dites “daara’’ est de donner aux talibés un accès aux enseignements élémentaires. Il s’agira, aussi, de créer des passerelles vers l’enseignement public ou la formation professionnelle. Le texte inclut un cursus pédagogique sur huit ans, combinant apprentissage du Coran et acquisitions des compétences élémentaires des programmes du Cp au Cm2. “Nombre d’enfants des ‘daara’ ne savent ni lire ni écrire en français et n’ont pas de notion de calcul’’, souligne Babacar Samb, Inspecteur des “daara’’ pour le ministère de l’Éducation nationale. Au-delà de l’enseignement, il s’agira, également, d’après l’inspecteur Samb, “de doter les ‘daara’ d’un cadre juridique formel, pour les rendre éligibles aux subventions étatiques, en vue d’améliorer les infrastructures de ces écoles coraniques, souvent insalubres