DERNIERES INFOS
S'informer devient un réel plaisir

Loi antitabac: les fumeurs s’en moquent

0

Depuis son vote en 2014 et la signature des décrets portant interdiction de fumer dans les lieux publics, la loi contre le tabac peine à être appliquée. Ce, malgré les sanctions prévues. C’est pourquoi le coordonnateur du Programme national de lutte contre le tabac (Pnlt), Docteur Amadou Bâ, souligne que la mise en œuvre de la loi et l’interdiction de fumer dans les espaces publics concernent tout le monde. Car, dit-il, nul n’est censé ignoré la loi. Docteur Bâ renseigne que les forces de défense et de sécurité ont mené des descentes avec les gouverneurs du Sénégal, plusieurs fois, sur l’ensemble du territoire pour vérifier. “On est allé dans les bars, les restaurants. Tous ceux qui ont été pris en flagrants délits ont été sanctionnés’’, fait-il savoir. Le Pnlt a reçu hier une mission d’évaluation des besoins pour la mise en œuvre de la Convention cadre de la lutte antitabac (Cclat) de l’Oms. Mais pour lui, ce n’est pas une action concrète qui va régler le problème, il faut que cela entre dans l’action de routine et la sensibilisation. A l’en croire, la loi dit, de façon claire, que chaque responsable de lieu public est tenu d’afficher la signalétique au portail pour interdire de fumer dans l’espace public. Donc, il est important de parler avec la population pour qu’elle sache que la loi n’est pas contre les fumeurs. “Elle est plutôt là pour protéger tout le monde. Je suis médecin pneumologue. Quelqu’un qui s’expose à la fumée de tabac tombe malade. Il y a 700 000 personnes qui décèdent et qui n’ont jamais touché au tabac. Dans ma pratique quotidienne, je vois particulièrement des femmes qui n’ont jamais fumé et qui développent des cancers. Leur seul tort a été de s’exposer au tabac des autres. Donc, c’est nous tous qui devront parler encore pour que les gens comprennent que le problème du tabac n’est pas un problème du ministère de la Santé. Sinon on ne serait pas là’’, explique-t-il. Taxer le tabac pour financer la Cmu… Selon le médecin, ils mettent des dispositifs pour dissuader les gens de fumer. En plus de cela, ils rendent le tabac cher, inaccessible et ils sensibilisent. “Dans un mois, vous allez voir les images sur les paquets de cigarettes changer, parce que nous changeons chaque année pour ne pas habituer les gens à ces images. Dans tous les cas, il y a eu une feuille de route que l’Oms et les experts ont mise en place. Nous essayons de l’appliquer. Je pense que c’est un problème de comportement citoyen, de responsabilité. Chacun doit apporter du sien. On ne peut pas mettre derrière chaque Sénégalais un policier, ce n’est pas possible’’, fulmine Dr Bâ. C’est pourquoi, dit-il, ils sont venus pour voir comment être plus opérationnels et comment optimiser le travail ensemble. “Le Sénégal a augmenté les taxes sur le prix du tabac avec 65 %. Mais la résilience du tabac fait que le prix n’est pas répercuté chez le consommateur. Il n’y a pas la taxe spécifique. Ce que nous voulons, c’est quand on applique une taxe, que cela puisse se répercuter jusque chez le consommateur, comme quand vous achetez une baguette de pain. Ce qui n’est pas le cas. Parce que quand vous augmenter la taxe, le producteur va diminuer sa marge bénéficiaire pour que le prix ne se répercute pas chez le consommateur’’, explique Dr Bâ. En effet, la Cedeao a mis en place une directive, depuis un an, pour demander aux Etats de taxer au maximum. C’est pourquoi, soutient-il, ils se battent, avec l’appui de l’Oms, pour appliquer cette taxe spécifique sur les produits du tabac. “Cela va protéger les populations et faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’Etat. Voilà aujourd’hui le défi. Nous allons échanger avec les spécialistes. Cela peut financer la Cmu, la lutte antitabac et la santé’’.

laissez un commentaire