DERNIERES INFOS
S'informer devient un réel plaisir

«Le tigre ne proclame pas sa tigritude (…)

0

«Méfiez-vous d’un lion qui dort». «Ils ne savent pas à qui ils ont affaire». «Dafa melni yef yi diexna lata mouy tambali». «Combat bii diexna» «Fagni fagn fagn fagn, wathia thia». Les slogans et les cris de guerre du Président politicien, font fusion. Depuis 2012, Macky Sall ne rate aucune occasion qui s’offre à lui pour tourner en dérision, ses opposants. Si ce n’est pas pour répondre, c’est pour être d’attaque. Se départant de sa tunique de chef de l’Etat du Sénégal, Macky Sall a été durant toutes ses années en campagne perpétuelle pour sa réélection. Sûr de lui, il a franchi, récemment, le Rubicond en déclarant dans un journal de la place que les sondages lui donnent largement vainqueur avec 54% au soir du 24 février prochain. Mais que lui, en bon chef d’Etat chéri et adulé par son peuple, en voudrait plus pour prouver à tous que derrière lui, ce n’est que le désert. Sauf qu’à bien écouter son dernier discours du Cicad, on se rend compte que Macky Sall est hanté par une possible défaite. Il ne le dit pas. Mais il en est bien conscient. Tous les signaux ne sont pas au vert. Le risque de famine guette certaines contrées du pays. Le tissu social est en lambeaux. La justice est au ban des accusés. Des magistrats insultés en pleine audience et traités de corrompus. Dans un pays qui s’appelle le Sénégal. Du jamais vécu. Tous les pans de la justice semblent ainsi à terre. Cette justice qui, quand tout semble perdu, est la seule branche qui reste d’un Etat. Même si on se refuse de l’admettre mais avec tout ce qui passe sous nos tropiques, l’exception devient la règle. Ce qui était inimaginable dans un passé récent (régime de Me Abdoulaye Wade), est devenu la tasse de thé quotidienne de nos citoyens qui ne se retrouvent pas dans les décisions de justice rendues aux procès de probables opposants à Macky Sall (Khalifa Sall et Karim Wade).

Les pas de danse du Chef de l’Etat au Centre international de conférence Abdou Diouf (Cicad) lors du lancement de la campagne de parrainage pour sa candidature, n’étaient que du bluff. Le président n’est apparu serein. Alors que le peuple trinque, toute la république se pavanait au Cicad. Les bureaux fermés à double tour pour une journée chômée payée. Au détriment du peuple souverain. Ses pas de danse, peut-être un moyen pour lui, de cacher une faiblesse. Une éventuelle chute. Ou un moyen de légitimer une probable fraude électorale dont ne cesse de dénoncer. Sinon qu’est-ce qui pousserait vraiment, le président politique à se prévaloir d’un score de 54% à la Présidentielle. Quel est ce Cabinet qui a fait le sondage dont il cite les résultats. Et qui a commandité ce sondage. Autant de questions auxquelles le Président devrait apporter des éclaircissements. Diantre, pourquoi persiste-il à rappeler sa qualité de chef de l’Etat. Il est notre Président de la République. Le Chef suprême des Armées. C’est à lui qu’on a confié le bateau Sénégal. Il en est le capitaine de bord. Et si lui-même ne sait pas qu’il occupe cette place, cette haute fonction au point d’en rappeler à ses concitoyens chaque fois qu’il lui arrive de leur adresser la parole avec une occurrence du «je», c’est qu’il y a problème. «Le tigre ne proclame pas sa tigritude, il bondit sur sa proie et la dévore», disait Wollé Soyinka en réponse au mouvement de la négritude de Senghor et Césaire. Si tenté qu’il n’a pas d’adversaires en en 2019 comme il aime à le répéter, pourquoi tout ce bruit. Macky Sall n’a pas besoin clamer haut et fort que c’est lui, le Président. C’est lui que les Sénégalais ont élu le 25 mars 2012. Il se doit de le prouver par des actes économiques, sociaux et politiques. S’il persiste, c’est qu’il sait que le peuple doute de sa capacité à diriger le navire dont il est le capitaine absolu. Dont il est le seul et unique responsable.

En marketing politique, on aurait compris par sa manière à s’adresser à son peuple, Macky Sall est en campagne de notoriété. Non. Il a dépassé ce stade. Après avoir occupé plusieurs portefeuilles ministériels et le perchoir de l’Assemblée nationale, il est devenu le Président de la république du Sénégal. Il n’est plus un homme de l’ombre. Il est connu. Il dirige le pays depuis bientôt 7 ans. Il n’a plus à se faire un nom. Ce qui lui reste après plus de 6 ans de règne, c’est la campagne de maintient. Il doit se battre pour rendre visibles ses réalisations. Ses projets accomplis et/ou en cours de réalisations. Il ne peut continuer à tomber dans le jeu de l’opposition qui est certes dans son rôle. Celui de le provoquer. Il doit avoir la carapace dure. Et ne pas répondre de façon épidermique. Un chef d’Etat ne doit pas mettre en avant ses sentiments personnels. S’il veut vraiment que ses concitoyens (qui ne le sauraient pas encore), sachent que c’est lui le Président de la République, ce n’est pas par la parole et les attaques injustifiées à l’opposition. C’est par des actes de bonne gouvernance et de justice dans une République où les citoyens sont égaux devant la loi. Par le concept : la patrie avant le parti si cher à lui mais galvaudé depuis sa naissance.

Les clés d’un développement du Sénégal doivent être entre les mains du Président de la République. Tout comme celle de la consolidation de la démocratie et du renforcement des Institutions dont la Justice. Les attaques contre l’opposition ne grandissent pas un Chef de l’Etat. Au contraire, elles le dressent tout simplement contre son…peuple. Ce peuple électeur à qui revient le dernier. Et pas aux transhumants défendus par le premier des Sénégalais pour légitimer une pratique qui ne fait pas avancer les choses dans le bon et vrai sens.

Gaston MANSALY

JOURNALISTE

gastonmansaly@gmail.com ou tongast84@yahoo.fr

Tel : 77 516 76 09

laissez un commentaire