Le 26 septembre 2002, le bateau « Le Joola » qui effectuait la liaison maritime entre la Casamance et Dakar sombrait au large de la Gambie, faisant officiellement 1863 morts et 64 rescapés seulement. Amis, frères, sœurs et parents qui souhaitaient traverser leur rive savaient pas que ce jour-là, ils avaient rendez-vous avec la mort. Le 26 septembre 2002 reste encore encrée à jamais dans la mémoire collective des Sénégalais.
Une chaîne d’incompétences et d’irresponsabilités
Le rapport d’enquête officiel relève que « le Ministère chargé de la Marine marchande a toujours tiré la sonnette d’alarme à propos de la surcharge et de l’insécurité à bord ».
Mais pour des raisons qui n’ont jusqu’à présent pas été élucidées, ce ministère s’est toujours abstenu d’exécuter « son obligation légale d’interdire le navire d’appareiller ».
L’enquête ouverte par le gouvernement sénégalais, 4 jours après le naufrage, rapporte également que le Joola ne remplissait pas toutes les normes de sécurités requises.
Le navire ne disposait pas de permis de navigation.
La commission d’enquête, présidée par l’ancien médiateur de la république, impute la responsabilité des « défaillances » fatales au Commandant du navire.
Selon les rapporteurs, il aurait manqué de « compétence », ou alors de négligence, « une faute extrêmement grave ».
Le Sénégal incrimine également le constructeur, qui dit avoir relevé des « défaillances au niveau de la conception du navire ».
Quid de la responsabilité des autorités politiques?
Elles avaient confié la gestion nautique à la marine nationale, « qui n’est pas censée être en mesure d’observer et d’appliquer les règles fixées par l’OMI pour la conduite des navires marchands ».
Parmi ces multiples causes, relève-t-on la surcharge. Le « Joola » avait une capacité d’embarquement de 536 passagers. Or, le soir 26 septembre 2002, cette capacité était quatre fois supérieure à l’autorisation… La capacité théorique exacte du bateau est sujette à polémique : de 500 à 800 passagers, selon la quantité de fret embarqué. Au lendemain du naufrage, les autorités avaient dit que le Joola avait 796 personnes à bord, équipage compris. Ce qui restait acceptable.
Mais, le gouvernement a annoncé que 1 034 personnes se trouvaient sur le bateau : 797 passagers embarqués à Ziguinchor (Casamance, région méridionale du Sénégal), point de départ du Joola, 185 autres montés à l’escale de Karabane, à l’embouchure du fleuve Casamance, et 52 membres d’équipage. Plus rien ne peut justifier un tel chiffre, d’autant plus qu’il est officiel et ne prend pas en compte les passagers embarqués sans billets, pas plus, sans doute, que de nombreux bébés et jeunes enfants. Une vidéo amateur, filmée dans la journée du 26 septembre par des touristes, qui l’ont donnée à la presse et aux enquêteurs, se passe elle aussi de commentaire. On y voit le navire anormalement incliné et quantité de passagers agglutinés au bastingage, pendant que des pirogues amènent à bord soit des passagers, soit du fret.
Le président Abdoulaye Wade, avait admis la « responsabilité de l’État », considérant qu’un « cumul de fautes » avaient été commises. Le bateau était trop lourd, sans doute, mais aussi inadapté techniquement à des voyages dans l’océan, qu’il effectuait pourtant depuis plus de dix ans.
Le ferry était loin d’être en état de naviguer donc. L’intervention tardive des premiers secours du fait d’un mauvais équipement n’a fait qu’aggraver la situation.
Quelle leçon retenir de ce drame
17 ans après la catastrophe, les Sénégalais semblent ne pas retenir les leçons et continuent toujours de surcharger les véhicules, à l’image des minibus d’une société de transport de la place. Ces moyens de transport effrayent aujourd’hui plus d’un, par la manière dont ils sont surchargés.
Dans les véhicules de transport en commun, ce phénomène est très fréquent.. Pleins comme un œuf, ces véhicules de transport en commun circulent chaque jour dans les rues de la capitale au su et au vu de tout le monde. Loin de trouver un remède à ce danger, chauffeurs, usagers et autorités se rejettent la responsabilité.