Ils sont des milliers de jeunes à braver l’Atlantique, au prix de leur vie. Ce, à la rechercche d’ un avenir meilleur, voire incertain pour beaucoup. La plupart périssent dans les eaux au cours de ce voyage périlleux et plein de danger.
Thiaroye, fait partie des sites les plus touchés par l’immigration. Même si à en croire le chargé de projet de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), Yvain Bon, il n’y pas de chiffres exacts pour mesurer l’ampleur du phénomène dans cette localité.
Thiaroye sur Mer est un lieu de départ et les candidats à l’immigration « clandestine » ne sont pas toujours issus du milieu. Cependant les habitants, principalement les jeunes et les hommes, choisissent de partir pour des raisons économiques dues aux difficultés liées au secteur de la pêche. Sur le terrain, le constat est que ces dernières années, « Thiaroye sur Mer a perdu beaucoup de ses enfants dans ce fléau ».
Un autre aspect ressorti de ce travail fait sur place, la résilience des femmes face aux départs massifs des hommes.
Regroupées au sein du Collectif des Femmes pour la Lutte contre l’Emigration Clandestines (Coflec), sous l’impulsion de Mme Yayi Bayam Diouf qui a perdu son seul fils dans ce drame, les femmes de Thiaroye sur Mer ont su faire face au départ de leurs enfants et époux.
Même si les souvenirs restent encore vivaces pour celles qui ont perdu ces êtres chers ou celles qui attendent toujours le retour d’un fils ou d’un mari certainement resté à jamais sous les eaux de l’Océan Atlantique, Yayi Bayam a su mobilisé les femmes autour d’un objectif commun: « s’en sortir et lutter pour que cesse cette pratique ».
Et les témoignages sont les même dans ce milieu traditionnel lébou où jadis le rôle de la femme était exclusivement de rester dans la sphère privée. Aujourd’hui, de par leur persévérance, ces femmes ont su transcender les pesanteurs socio-culturelles.
De la sensibilisation des jeunes sur les dangers de l’immigration irrégulière, à la formation des jeunes filles, en passant par l’autonomisation des femmes devenues des chefs de familles après le départ des maris et autres soutiens et une meilleure implication des femmes dans la gestion de la collectivité avec de nouveaux pouvoirs et statuts au sein des assemblées villageoises et autres organisations sociales, le départ massif des hommes a réellement booster les femmes, dirait-on.
Reportage…
Par mounamak