Ils sont plus de 200 étudiants. « Angoissés par leur devenir », pour reprendre l’avocat d’une des victimes, tous voulaient se rendre au Canada pour y poursuivre leurs études. Ainsi, en tombant sur une annonce diffusée sur les réseaux sociaux, qui proposait des bourses à 15 millions, les étudiants ont postulé. L’annonceur était Afip Canada, une plateforme créée par la nommée Henriette Niang, qui en est la directrice. Elle a comme associés, sa mère et son frère. L’entreprise est présentée dans le recrutement d’étudiants et de professionnels désirant étudier au Canada. Et il résulte de la plainte déposée le 18 mars 2018 à la Division des investigations criminelles (Dic) qu’Afp Canada proposait d’amener les parties civiles au Canada pour leur permettre de poursuivre leurs études dans des universités, moyennant 500 000 F Cfa par candidat.
Selon Thérèse Kane, représentante des victimes, M. Ndiaye leur faisait croire que l’agence travaille avec des universités canadiennes qui octroient des cours d’exonération des frais d’études et de subsistance. Convaincu par une telle proposition, les postulants ont versé la somme de 50 OOO F représentant les frais d’inscription remis à Ibrahima Niaye. Celui-ci leur animait un séminaire à l’issue duquel les candidats ont versé chacun , auprès de Fatou Niang, la directrice comptable, la somme de 450 milles F Cfa. Toujours est-il, qu’après avoir rempli toutes ces formalités, les postulants sont restés des mois sans obtenir la fameuse bourse. Lasse d’attendre, Thérèse a interpelé un de ses professeurs qui lui a fait comprendre n’avoir reçu aucun formulaire de l’Afip.
Après investigations, l’étudiante découvre que d’autres de ses camarades attendaient depuis 2 ans. « J’ai découvert que c’était manifestement une arnaque. La majorité n’a pas d’admission. Tous les membres du collectif attendent une admission. Depuis 2015, nous attendons une bourse et une admission », a lancé une étudiante.
Interrogé, aucun des prévenus n’a reconnu les fais. Ibrahima Ndiaye a déclaré avoir été recruté pour simplement animer des séminaires. Fatou Niang a reconnu qu’elle encaissait les reliquats de 450 000 F, tout en précisant que c’était pour déclencher la procédure. Elle a laissé entendre qu’il n’y a pas eu d’arnaque, car 221 admissions ont été délivrées. Son fils Ibrahima Noel Niang a confié qu’il était chargé de la clientèle, tandis que le prévenu Gabriel Faye a laissé entendre qu’il n’a pas duré à l’agence. Entendue à son tour, Henriette Niang a confirmé être la propriétaire de la plateforme qui, dit-elle, « est une entreprise bien structurée ». Ce faisant, elle a appuyé la déclaration de sa mère, en indiquant que des admissions ont été délivrées. Elle a ajouté que ceux qui n’ont pas pu partir sont confronté à un problème de délai.
Pour les conseils des étudiants, il est clair qu’il y avait une promesse de bourse. Sinon, soutient Me Alioune Badara Fall; « ils ne donneraient pas 500 000 F pour une simple admission qu’on peut obtenir facilement sur le net ». Abondant dans le même sens, Me Arona Bass a souligné que le Canada est l’un des pays les plus rigoureux en matière d’immigration. Il a ajouté que les prévenus ont causé trop de mal. Pour le préjudice, ils ont réclamé le montant de 1,5 million chacun des 187 victimes qu’ils représentent, soit la somme globale de 280,500 millions de F Cfa.