C’est un Macky Sall froid qui s’est adressé aux Sénégalais en ce seuil de nouvel an 2018. D’habitude, il est plus prolixe. Mais le contexte le dessert. La tension politique, les sorties au vitriol de l’opposition et de la société civile, les prisonniers politiques pèsent sur sa conscience. Destinataire privilégié de renseignements et homme politique lucide, il sait bien que son régime claudique avec un parti anarchique face à un électorat massif et redoutable. Le faible pourcentage de moins 50% aux législative de 2017 est déjà symptomatique d’un désaveu qui monte crescendo. La colère couve et les désappointements se multiplient. Pourtant il se montre généreux. Mais cette générosité laisse plus de marbre qu’elle n’enthousiasme.
La Couverture Maladie Universelle, les Bourses familiales, le PUDC, la baisse non suivie du prix du loyer sont des politiques sociales humanistes. Mais les prix des denrées alimentaires zigzaguent. Les financements de l’ANPEJ ne sont pas transparents en raison d’un clientélisme mûri. D’ailleurs Macky ne crée pas d’emplois. Il en promeut. Le Sénégal dispose d’une Agence nationale pour la Promotion (et non la Création) de l’Emploi des Jeunes. Sa politique sociale est dérisoire par rapport aux attentes nationales. La politique commerciale est mal contrôlée. Pourtant, sur le plan social, Macky Sall a posé des actes généreux et révolutionnaires. Mais ces actes passent inaperçus. Soit, l’arrogance du régime APR en est la raison. Soit l’insuffisance des actes explique le désintérêt des citoyens. Le régime est pléthorique, coûteux et effronté. L’électorat attise son arme pour briser l’élan des favorisés du hasard dont l’arrogance agace la Nation.
Les failles de la politique d’emploi, le désœuvrement d’une majorité de jeunes sénégalais et sa gouvernance qui peine à être vertueuse sont des échecs d’un quinquennat devenu septennat forcé. A ces échecs s’ajoutent les forfaitures. L’usage abusif et partisan de l’appareil judiciaire à des fins politiques heurte l’Etat de Droit.
Des responsables politiques dont le tort est de jouir du droit de résister croupissent en prison. Pour la première fois dans l’histoire, un Maire en exercice est embastillé pour des raisons politiques. Macky Sall n’a pas parlé de la reddition des comptes car les prédateurs sont plus nombreux dans son camp qu’ailleurs. Les scandales sur les ressources minières et pétrolières, la boulimie foncière et l’impunité auréolée d’adoubement de transhumants et d’apéristes voraces sont des faits que Macky Sall a tus car voulant s’ériger laborieusement en archange qui n’enthousiasme pas. Finalement, le discours à la Nation de Macky Sall est du simple réchauffé insipide avec l’apologie d’une gouvernance partisane.
La Rédaction