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Congo : « Terminator » Ntaganda condamné…

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L’ancien chef de guerre congolais a été reconnu coupable par la CPI de 18 chefs de crimes, dont des massacres de civils et des viols de jeunes filles.

Ntaganda Bosco, un ancien chef de guerre congolais, a été reconnu coupable de crimes de guerre et crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale (CPI) ce lundi. Surnommé « Terminator », Ntaganda, aujourd’hui âgé de 45 ans, a joué un rôle déterminant dans les atrocités commises en 2002 et 2003 en Ituri, dans le nord-est du pays, région instable et riche en minéraux, ont estimé les juges de la Cour.

Viols et esclavage sexuel de mineurs, enrôlement d’enfants soldats âgés de moins de 15 ans, meurtre d’un prêtre : l’effroi se dessinait sur les visages des personnes présentes dans la salle d’audience du tribunal au fil de l’énumération de la longue liste de violences commises par le Congolais. Ntaganda « remplissait une fonction militaire très importante et avait un rôle déterminant pour mettre sur pied un groupe armé puissant à même de chasser la population locale », a déclaré le juge Robert Fremr. « Au vu de ses ordres directs pour tuer des civils », l’ex-chef de guerre « approuvait le comportement criminel de ses soldats par son propre comportement », a-t-il ajouté.

Femmes enceintes éventrées

Les juges de la CPI, dont le siège est à La Haye, ont déclaré le Congolais coupable de 18 chefs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Outre les crimes sexuels et les massacres, il lui est également reproché d’avoir persécuté des villages entiers et forcé le transfert de la population civile. Ntaganda, qui est apparu à l’audience le visage fermé, vêtu d’un costume sombre et d’une cravate rouge bordeaux, entendra sa peine lors d’une prochaine audience, une fois que toutes les parties auront transmis leurs observations aux juges. Le Congolais, qui risque la prison à perpétuité, peut encore faire appel du jugement.

Féru de chapeaux de cowboy et amateur de bonne cuisine, l’ancien chef de guerre a toujours assuré être un « révolutionnaire » et non un criminel, rejetant son surnom de « Terminator ». Les juges l’ont pourtant reconnu coupable d’avoir exécuté un prêtre de ses propres mains. Selon des ONG, plus de 60 000 personnes ont perdu la vie depuis l’éclatement en 1999 de violences sanglantes en Ituri. Bosco Ntaganda a joué un rôle central dans la planification des opérations de l’Union des patriotes congolais et de son bras armé, les Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC).

Au cours d’une attaque menée sous son commandement, ses soldats ont tué à coups de « bâtons, couteaux et machettes » au moins 49 personnes dans une bananeraie près d’un village, a déclaré le juge Fremr. « Des hommes, des femmes et des enfants, dont des bébés, ont été retrouvés dans la plantation. Certains des cadavres étaient nus, certains avaient les mains liées, d’autres avaient le crâne écrasé », a-t-il ajouté. Des corps de femmes enceintes éventrées jonchaient les lieux.

Réfugié à l’ambassade des États-Unis

Né au Rwanda, où il a fait ses armes avec le Front patriotique rwandais (FPR), M. Ntaganda, issu d’une famille tutsie, avait la réputation d’être un leader charismatique. Général de l’armée congolaise de 2007 à 2012, il est ensuite devenu l’un des membres fondateurs du groupe rebelle du M23, qui a finalement été vaincu par les forces du gouvernement congolais en 2013. À la suite de dissensions accompagnées de combats au sein du mouvement, Ntaganda est contraint à fuir au Rwanda et à se réfugier à l’ambassade des États-Unis à Kigali, d’où il demandera son transfert à la CPI, une initiative inédite dans l’histoire de la juridiction.

Bosco Ntaganda est l’un des cinq chefs de guerre congolais à avoir été traduit devant la Cour, fondée en 2002 pour juger des pires atrocités commises dans le monde. En mars 2012, la CPI a condamné à 14 ans de prison Thomas Lubanga, ancien chef de Ntaganda dans les FPLC. Le procureur de la Cour a toutefois subi une série de revers ces dernières années, avec l’acquittement de plusieurs suspects. Certains pays d’Afrique reprochent également à la CPI de viser principalement des suspects africains.

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