DERNIERES INFOS
S'informer devient un réel plaisir

Bolivie : Le Président Evo Morales démissionne

0

Le président de la Bolivie Evo Morales a démissionné dimanche soir. Réélu en octobre dernier à la suite d’une élection contestée, il faisait face à des manifestations depuis 3 semaines.

Le président bolivien Evo Morales a démissionné dimanche après trois semaines de protestations contre sa réélection, tandis qu’une foule joyeuse célébrait la nouvelle dans les rues et que les premières arrestations d’anciens dirigeants avaient lieu. « Je renonce à mon poste de président », a déclaré à la télévision le leader indigène de 60 ans, au pouvoir depuis 2006, au terme d’une journée marquée par de nouveaux affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ainsi que des démissions en série de ministres et députés.

Evo Morales a annoncé dans la soirée qu’un mandat d’arrêt « illégal » avait été émis contre lui. Une information démentie par le commandant de la police, Vladimir Yuri Calderon. Seuls sont visés les magistrats du Tribunal suprême électoral (TSE), a-t-il déclaré.

Un mandat d’arrêt contre Evo Morales?

Mais l’un des principaux opposants à Evo Morales, Luis Fernando Camacho, qui a joué un rôle clé dans le mouvement qui a conduit à sa démission, a confirmé l’existence d’un mandat d’arrêt contre lui : « Confirmé!! Ordre d’arrestation pour Evo Morales!! La police et les militaires le recherchent dans le Chaparé », a-t-il écrit sur Twitter. Le Chaparé est le fief de l’ex-président, dans le centre de la Bolivie.

Un peu plus tôt, la police a arrêté la présidente du TSE, Maria Eugenia Choque, sur ordre du parquet, qui enquête sur des irrégularités commises dans le scrutin d’octobre, ainsi que le vice-président du TSE, Antonio Costas. Tous deux, emmenés par des hommes encagoulés ou masqués, ont été présentés aux médias au pied d’une estrade où se trouvaient assis des gradés de la police.

Des milliers d’habitants ont déferlé dans les rues du pays pour célébrer l’annonce de la démission du président, agitant le drapeau bolivien entre rires et larmes après la violente vague de contestation au cours de laquelle trois personnes ont été tuées et 383 blessées.

La police et l’armée avaient retiré leur soutien à Evo Morales

« Nous avons donné une leçon au monde, demain la Bolivie sera un nouveau pays », s’est exclamé Luis Fernando Camacho, dirigeant le plus visible et radical de l’opposition, qui s’était rendu plus tôt au siège du gouvernement à La Paz pour y remettre symboliquement une lettre de démission à signer par Evo Morales, ainsi qu’un exemplaire de la Bible.

Au fil de la journée, le dirigeant bolivien s’était retrouvé de plus en plus isolé alors que la crise politique s’accélérait brutalement dans le pays andin, où grève générale et manifestations paralysaient l’activité depuis une dizaine de jours. Le coup fatal a été porté par l’armée et par la police, qui lui ont retiré leur soutien dans l’après-midi, l’appelant à démissionner « pour le bien de la Bolivie ».

L’annonce dans la matinée par le président d’un nouveau scrutin – une option qu’il rejetait jusque-là – visait à « pacifier la Bolivie » mais n’a pas réussi à apporter le calme. Vice-président, présidents du Sénat et de la Chambre des députés, ministres, députés : la cascade de démissions depuis l’annonce de Evo Morales a entraîné une vacance du pouvoir.

L’Organisation des Etats américains (OEA) avait demandé dimanche matin l’annulation du scrutin, entaché d’irrégularités selon elle. Le scrutin du 20 octobre avait abouti à l’élection d’Evo Morales pour un quatrième mandat allant jusqu’en 2025, une option pourtant rejetée par la population lors d’un référendum en février 2016. Son score annoncé par le TSE, dépassant de plus de 10 points celui de Carlos Mesa, avait aussitôt été qualifié de frauduleux par l’opposition.

La gauche latino-américaine dénonce un « coup d’Etat »

De nombreux responsables de la gauche latino-américaine ont qualifié dimanche de « coup d’Etat » les événements qui ont conduit à la démission du président bolivien Evo Morales. Les dirigeants du Venezuela, du Nicaragua, de Cuba, ainsi que le président élu argentin Alberto Fernandez et l’ancien président brésilien Lula, ont tous utilisé ce terme.

« Nous condamnons catégoriquement le coup d’Etat survenu contre le frère président Evo Morales », a écrit sur Twitter le président vénézuélien Nicolas Maduro. Le président cubain Miguel Diaz-Canel a lui aussi condamné le « coup d’Etat violent et lâche de la droite contre la démocratie en Bolivie ». Autre allié d’Evo Morales, le Nicaragua a « condamné énergiquement le coup d’Etat » contre le président bolivien.

Le chef de la diplomatie mexicaine, Marcelo Ebrard,a déclaré sur les réseaux sociaux qu’en Bolivie « il y a une opération militaire en cours », et il a lui aussi qualifié de « coup d’Etat » ce qui s’est passé à La Paz.

En Argentine, le gouvernement du président libéral sortant Mauricio Macri a appelé « tous les acteurs politiques et sociaux à préserver la paix et le dialogue », dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Mais le président élu argentin, le péroniste de centre-gauche Alberto Fernandez, a parlé, lui, de « coup d’Etat ».

laissez un commentaire